vendredi 16 avril 2010

semaine 6: la voyante

L’activité de cette semaine me trouble au plus au point: aller consulter une voyante que j’ai vulgairement trouvé sur Google en tapant ‘voyante à Montréal’. J’étais tellement stressée que j’ai demandé à mon amie Karine de m’accompagner. Ça me stresse beaucoup parce que ce n’est pas vraiment mon genre de vouloir connaître mon avenir… et si elle ne me disait que des choses négatives? Juste prendre le rendez-vous m’a donné des sueurs froides. Mais dans le domaine de la voyance, je suis plutôt intriguée par le fait que quelqu’un d’inconnu peut peut-être connaître quelque chose de ma vie que moi-même je ne sais pas encore.
On est arrivées une demi-heure en retard, car on s’est perdues dans les rues qui se séparent et changent de noms de Montréal Nord. Non, ce n’était pas une grosse dame noire qui tranche des cous de poulets et qui lit dans le sang, comme m’a demandé plusieurs personnes. C’était une petite femme, à taille forte certes, cheveux javellisés, à la peau blanche et avec un air d’avoir passé une vie rock’n’roll, avec son petit tatou bleu rendu flou sur le début de son sein gauche. Une odeur de cigarette et d’animaux flotte dans l’air. Je me sens quand même à l’aise, comme si j’entrais chez une amie, mais j’ai très chaud; j’ai les mains moites comme quand je regarde quelqu’un monter dans une échelle qui branle. C’est contradictoire, mais c’est exactement comme ça que je me sentais.
La séance débute : elle me demande de brasser les cartes de tarot. Je suis un petit peu déçue; je pensais qu’elle allait lire le futur dans le vide, comme ça, en me regardant, comme ils font à la télé, mais bon, je brasse. Après m’avoir demandé ma date de fête, et me dire ‘aah, une sagittaire…’ – euh non, je suis scorpion, ça part mal, elle m’explique qu’elle va lire les cartes dans le sens général de ma vie et qu’ensuite je pourrai poser des questions plus précises. Je dois étaler les cartes devant moi et lui en donner une quand elle me le demande. Elle commence en me disant que je ne suis pas facile, que quand j’ai une idée, je ne recule pas, que j’aime la stabilité, qu’avec moi c’est tout ou rien, que je travaille beaucoup et plus encore. Et moi, pour ne pas lui donner des idées sur qui je suis, au lieu de dire ‘ooh oui, oui, je suis de même, moi’ je faisais juste hocher la tête avec un air de ‘je suis en train d’apprendre quelque chose’ et répondre par réponse binaires ou très floues. Elle me prédit beaucoup de changements, beaucoup, beaucoup de travail, que je suis en grosse réflexion, je pense beaucoup, que je vais faire un grand ménage, physique et/ou mental, elle me voit déménager aussi… bref, ce qu’on peut dire à pas mal de monde. Que les deux prochains mois je vais bouger beaucoup, que juillet et août seront plus calmes et qu’en septembre ça va repartir de plus belle et ce pour plusieurs mois. Elle me dit que quelqu’un a une demande ou une proposition à me faire pour du long terme mais que cette personne est gênée de me le demander. Puis, un ‘flash’ :
- Je vois un nom avec ‘er’ dedans, er, er, Pierre… elle marmonne, un nom composé, Pierre, Pierre-André, oh, peut-être que c’est Lierre, quelque chose ‘er’, un nom de commerce peut-être? Je vois une devanture d’un commerce…tu as beaucoup d’énergie, toi, tes cartes sont extrêmement énergiques! s’affole-t-elle.
Je ne connais pas de Pierre-André, et plus j’y pense, il n’y a personne de mon entourage masculin proche qui a un prénom composé. Elle me dit que je vais avoir de l’argent dans la vie, que j’économise en pensant à l’avenir (pour ça, elle n’a pas tort : mon garde-robe est en tout point pensé à mon avenir, elles sont là, mes économies, et elles sont belles), que je suis prête à patienter longtemps pour avoir ce que je veux, que je vais acheter quelque chose de big prochainement qui sera une grosse dépense. Elle me dit que je m’inquiète pour quelqu’un proche de moi qui a de petits problèmes. Bon, vous en convenez, c’est assez flou dit comme ça, mais j’ai l’impression malgré moi que ça me concerne.
Ma première question était ‘est-ce que je vais avoir un jour mon restaurant?’ (n.b. je n’ai pas l’intention de l’appeler Pierre-André). Elle me fait tourner plusieurs cartes pour en arriver à la conclusion que oui, je vais trouver un beau local, très bientôt même, qu’un homme très important dans ma vie va être avec moi et va m’aider, qu’il y a de très belles énergies dans les cartes que j’ai sorti. Elle me dit que je vais être chanceuse dans le malheur (la maladie pour être précise) de quelqu’un : comme par exemple quelqu’un va mourir et me laisser un héritage ou quelqu’un va mourir et je vais reprendre le bail de son local, quelque chose dans ce genre là. Je préfèrerais de loin la deuxième option… puis, elle a un autre ‘flash’ :
- Je vois un autobus, un avion, des bancs de moyen de transport, et c’est très luxueux, ils sont noirs, blancs et rouges, en velours ou un tissus riche quelconque. Un train, peut-être? se pose-t-elle la question. Il y a un lien avec ton travail; peut-être vas-tu voyager pour le travail, ou œuvrer dans le tourisme dans le futur, je ne sais pas. Il y a beaucoup de luxe, en tout cas!
Ouh, n’importe quand, un voyage en première classe avec des bancs en velours. En juillet ou août, il paraît que ça sera calme dans ma vie…
Ensuite, je lui donne une photo de mon copain et lui demande de me parler de lui. Elle flatte la photo, ferme les yeux et rigole doucement. Elle me dit, textuellement, en riant : « lui, il a quelque chose de magique dans sa tête! » Elle me dit qu’il est un éternel enfant, et elle se met à battre l’air de ses mains en disant :
- Je le vois taper partout, il tape, dit-elle en faisant les mouvements de quelqu’un qui joue de la batterie.
Mon chum joue de la batterie. Là, j’étais sur le cul, quand même, ça courre pas les rues, les drummers. Et elle me dit ensuite que les enfants l’attirent. Fuck.
- Dans le sens, il aime les enfants enjoués ou il veut des enfants??? je dis, choquée.
Elle se concentre très fort.
- Je regarde son côté logique, et il ne veut rien savoir d’avoir des enfants, mais dans son côté créatif, il en aurait douze.
- Douze????? je hurle.
- Ben c’est une façon de parler, je veux dire qu’il en aurait sans hésiter.
- Mais là, est-ce que lui et moi, on va avoir des enfants? je demande, pas trop sûre si j’ai vraiment envie d’entendre sa réponse (et si j’y crois).
Elle se concentre encore une fois.
- Je ne sais pas… je… je ne vois pas… hey, tu les as les questions, toi!
Ça l’air que seul l’avenir, le vrai, va nous le dire. Et là elle me dit que mon copain est quelqu’un qui se fout un peu trop des choses de la vie. Un adepte de la procrastination, un mec avec un caractère ‘je m’en contrefous ’. Là, je reconnais mon chum. Elle me dit que c’est son seul gros défaut, mais que ce dernier va lui apporter beaucoup de problèmes, qu’il va devoir en payer le prix; je lui demande, ‘en argent ou en émotions?’ et elle me dit :
- Les deux! Comme par exemple s’il ne payait pas ses contraventions et qu’il se faisait arrêter bêtement pour un arrêt manqué et qu’il perdait son permis de conduire, que son char allait à la cour à scrap, et qu’il a ensuite plein d’amendes… un genre d’histoire qui aurait pu être évitée très facilement mais qu’il aurait laissé traîner trop longtemps… elle me dit.
Et là, j’ai pensé immédiatement à mon chum, roulant sur son vélo comme un malade mental douze mois par année, sans carte d’assurance maladie parce qu’il est trop vedge pour la refaire à temps (ça doit faire deux ans maintenant) même si je ne cesse de lui rappeler d’aller simplement porter son maudit formulaire et sa photo au CLSC qui est à une quinzaine de rues à l’est de notre maison, ce qui veut dire, vraiment pas loin pour un cycliste fou, mais monsieur a toujours des choses plus importantes à faire, comme par exemple aller jouer au Nintendo avec son ami Spaz, ou dormir toute la journée, ou faire la vaisselle (!), ou faire des devoirs (bon, je ne peux pas rivaliser avec les études, mais quand même, ça prend 30 minutes gros max aller faire faire sa carte d’assurance maladie...). Elle me dit qu’il est un grand romantique (ah bon?) et qu’il a un grand projet à me proposer et que je vais répondre ‘est-ce qu’on peut y réfléchir?’ (ceux qui pensent mariage : oubliez ça!). Elle me dit qu’on est un couple très équilibré, dans le sens que quand un de nous deux est brûlé, l’autre en prend soin et vice versa, et elle me dit qu’on est encore ensemble pour de nombreuses années.
Bon!
En sortant de là, j’étais légèrement retournée (mais c'était peut-être aussi la faim; je me mangeais l'intérieur). Elle a quand même soulevé des détails précis… je dois vous avouer que je ne dis pas tout ce qu’elle m’a dit, parce qu’il y a des trucs trop personnel et ça serait bien trop long tout écrire de quoi on a parlé. Je ne sais pas si j’y crois ou pas, mais ce que je me suis rendue compte, c’est que c’est bien moins cher qu’un psychologue, que ça te dit à peu près ce que tu veux entendre et que c’est une genre de motivation positive. Si je devais choisir un moment où j’irais voir une voyante, c’est quand je suis déprimée. Ça redonne un p’tit brin de confiance en soi, même si c’est peut-être des sornettes. C’est comme si parce qu’elle m’a dit que je vais avoir mon resto un jour prochain que je vais travailler encore plus fort pour que ça marche. Danielle médium.com, je t’invite à l’ouverture.


semaine 5: on the road to Sherbrooklyn

J’ai un peu honte. Même pas deux mois et encore une semaine où je n’ai rien fait… Je possède ma petite business de chef à domicile, je suis chef, eh oui, et j’ai eu deux contrats la semaine dernière, et aucun temps à donner à ma promesse personnelle. Vous avez pas idée à quel point je ne suis pas fière de moi! Je veux faire ce projet, pour ma santé mentale personnelle, mon amusement et un tout petit peu mon orgueil, qui ne cesse de me dire tout bas dans ma tête « tu as 25 ans et rien de ‘grand’ d’accompli »… et je sais que faire des activités anormales et rigolotes n’est pas grand-chose, mais j’aimerais au moins pouvoir me dire que je suis allée jusqu’au bout de mon projet et que j’ai tenu ma parole envers moi-même.
Je peux pourtant vous raconter une activité que j’ai fait la semaine dernière que je n’avais jamais fait avant et que je ne fais pas souvent : aller en voiture à un endroit qui prend plus d’une heure de route. C’était la fête de mon amie Justine qui habite depuis quelques mois à Sherbrooke, et comme elle est enceinte de maintenant cinq mois, elle se fatigue vite et préférait que ce soit nous, les montréalais, qui descendent vers elle (on descend vers la mer, non?) pour une fois. Ce que j’ai fait avec plaisir : j’adore conduire. Je possède mon permis depuis maintenant deux ans et j’adooore conduire. Quand j’étais plus jeune et que je n’avais pas de permis, je rêvais parfois la nuit que je conduisais, comme par exemple sur l’autoroute, et j’aimais ça, et je me réveillais avec la sensation que j’allais être une excellente conductrice. À date, tout le monde m’a dit que j’étais bonne conductrice, à part mon ami Philip, mais ça ne compte pas, il n’a même pas son permis encore! Pfff! Donc dimanche, j’ai dormi cinq heures, je me lève, et m’en vais chercher la voiture chez mes parents. Je vais chercher Karine au métro Jean-Talon, son copain Francis dans le Mile End et Fred, une vieille amie (dans le sens on se connaît depuis longtemps; elle a le même âge que moi) et c’est parti. Du quartier Côte des neiges, où Fred habite, j’ai un peu de difficulté à trouver l’autoroute 10, mais avec l’aide de ma co-pilote, j’y arrive enfin et on s’éloigne vite de la ville. L’autoroute 10 est traître : elle est en ligne presque droite, et je me suis rendue compte que j’ai le pied lourd! Je me rendais souvent sans m’en rendre compte jusqu’à 130 km/h, même 140 km/h… oups! Pourtant je déteste la vitesse!
J’étais heureuse d’aller à Sherbrooke : c’est là qu’on retrouve la ‘poutine inversée’ fait par le chef Dave St-Pierre et ça fait longtemps que je rêve d’en manger. C’est une bouchée de pomme de terre frite, avec une crotte de fromage en grain et de la sauce à poutine au centre : on le met dans notre bouche et il paraît que ça explose la poutine dans la bouche. Oui, il parait, parce que le restaurant Auguste, où ça se passe cette affaire là, était fermé pour vacances jusqu’au 20 avril; je n’ai donc pas pu y goûter. C’est bien ma veine. Je suis vraiment déçue, mais bof, de toute manière, il va falloir que j’y retourne bientôt pour le shower de Justine, une autre activité que je n’ai jamais fait et que j’ai extrêmement hâte!… (vous venez d’avoir un petit indice pour une activité future, vous là.)
Quand on va fêter la fête de quelqu’un, on apporte généralement un cadeau… on était quatre et personne n’y avait pensé. Belle gang de tatas! On s’est arrêté en route chez un fleuriste, pour lui acheter une belle plante : fermé les dimanche. Alors on s’est dit qu’on allait leur payer le resto, ce qu’on a fait.
Mais bon, avec une femme enceinte et quatre heures de route en une journée, je n’ai pas grand-chose d’extraordinaire à vous raconter… peut-être que j’ai vu un magasin qui s’appelait « Sang % Gothik » ! Quel horrible jeu de mot! Ou alors peut-être quand Fred a trouvé une main de mannequin en bois avec une manucure toute égratignée dans l’appart de Justine, on a décidé de l’apporter avec nous au restaurant. C’était une petite main de teinte grisâtre et elle était placée de la même manière qu’une main qui quête de l’argent : devinez ce qu’on a fait dans les rues de Sherbrooke… on a quêté de l’argent avec la fausse main, eh oui. Et de toute manière, on avait rien d’autre à faire : on devait attendre une quinzaine de minutes pour avoir notre table au restaurant. Sans blague, ça faisait longtemps que je n’avais pas ri comme ça. Vous savez, quand les joues vous font mal et que vous pleurez? Il y a un gars plus futé que les autres qui a complètement arraché la main de la manche de Karine! Celui là, on l’a bien ri. D’autres ne remarquait même pas la main, juste le fait qu’on était sept personnes à regarder Karine ou Francis quêter de l’argent en rigolant. For the record, on a pas fait une cenne.
J’ai bien aimé la manière qu’on a payé la facture de Justine et Christophe, son copain, le futur papa : j’ai mis la serveuse de connivence et ils ont été dans l’ignorance jusqu’au moment où tout le monde avait son manteau sur le dos et étaient prêts à quitter. C’était la première fois que je faisais ça et j’adore ça! C’est presque comme jouer un tour, mais gentil. À recommencer!
Après des heures de jasettes, de rigolades et d’amitiés, la femme enceinte s’endormait, on a repris la route. Pour une fille qui avait dormi cinq heures, je ne me suis pas sentie somnolente une seule minute… mais j’étais bien heureuse de retrouver mon divan confortable et un bon film à la télé. Et je vous jure que je vais me reprendre dans mon activité de la semaine prochaine! Je suis d’ailleurs déjà nerveuse à l’idée de celle-ci…