vendredi 26 novembre 2010

semaine 34: le karaoké clandestin vietnamien

Quand je suis allée à l'ADISQ avec mon amie My (semaine 32), elle m'avait dit:

devant le karoké clandestin vietnamien


- Il faut absolument que je t'amène dans le karaoké vietnamien, tu vas voir, c'est tellement trash que le monde fument en dedans, pis y'a juste des tunes en vietnamien!

Alors cette semaine, on a décidé d'y aller.  Après un repas délectable (que j'ai fait), quelques verres de vin, et une partie de mon cher jeu 'chomâge' que j'ai payé 1,99$ au Renaissance (ce jeu est vraiment comique: on paie des taxes tout le long et on passe des entrevues, et parfois on trouve 20$ aux toilettes... anyway), on est allés rejoindre My devant le karaoké clandestin, dans un immeuble très louche, avec aucun panneau indicateur qu'il y a bien un bar karaoké dans ce building, et non, je ne vous donnerai certainement pas l'adresse, pour votre sûreté, tout simplement.  J'ai bien dit 'clandestin', alors, faut pas que ça se sache, tsé, pis le monde là bas avaient pas l'air particulièrement ouvert.  Si vous voyez ce que je veux dire.  À un moment pendant la soirée, on a rigolé en se disant que ça ne nous étonnerait pas que une gang d'asians, style caïd vietnamien, en complet-veston-chapeau avec des masques noirs sur les yeux, entrent dans la place, que la musique et les conversations s'arrêtent (on a aussi rajouté le bruit du vinyle qui stoppe, vous l'entendez dans votre tête, j'en suis sûre), qu'ils regardent autour d'eux et se dirigent lentement vers 'leur' table, s'assoient, toujours dans le silence le plus complet, et puis, paf, tout reprend vie, comme si cette scène ne s'était jamais déroulée.  Dans l'autre version, après l'entrée suivie du silence de la mort, y'a un gros bar fight, avec les tables qui revolent, les mitraillettes qui crachent, les étoiles chinoises (oui, je sais, on était parmi des Vietnamiens, mais bon, ça marche pareil), les femmes en costume de satin qui crient en s'enfuyant, en petit bonhomme, en recevant des morceaux de plâtre du plafond... un genre de saloon asiatique.  Bref, vous voyez le genre de place.

like old times



Donc on arrive là, et la première chose que l'on peut remarquer, c'est la voix mélodieuse d'une Vietnamienne en train de chanter (je fais du sarcasme, ici), et l'odeur de cigarette.  Personnellement, il peut m'arriver de regretter le temps où on pouvait fumer dans les bars lorsque je bois un p'tit verre ou deux avec mes amis, mais l'odeur de mes vêtements après une soirée dans un endroit enfumé me fait ravaler cette envie illico.  Kaliss que ça pue.  C'est encore pire quand c'est l'hiver et que ton manteau sent la clope, et là tu dois le faire aérer pendant deux jours dehors, et évidemment, il va se mettre à neiger (quoique pleuvoir se peut aussi de nos jours) et c'est tout à fait mon genre de l'oublier là beaucoup plus longtemps que les deux jours prévus (j'aime magasiner, surtout les manteaux), et bref, voilà.  Tout ça pour dire que ça sentait la clope, et que la première chose qu'on a fait après avoir reçu notre bière, c'est s'allumer une cigarette, for old time's sake.  Même Raph qui ne fume pas s'en est tapé une, pour le trip de se sentir clandestin jusqu'au bout des doigts (c'est le cas de le dire).


My et André a.k.a. le fils de Frodon et Harry Potter

My avait invité son ami André, 18 ans, gentil et innocent comme tout (je crois qu'elle voulait lui montrer c'était quoi la vraie vie, une genre de bonne action (not) venant de la part de My, ha, il va en voir de toutes les couleurs, pauvre petit), et il ressemblait à s'y méprendre au fils qu'aurait Harry Potter et Frodon, si ces deux là pouvaient procréer.  Moi, j'ai ramassé Karine, qui adore les karaokés, Geneviève, qui aime manger ma bouffe donc elle nous a suivi après, et bien sûr Raph, qui voulait voir c'était quoi, un bar karaoké clandestin vietnamien.  Bref, cinq blancs dans un tas de Vietnamiens, ça clash.  Je suis même heureuse, ben, pas heureuse, euh, amusée, ou intriguée, mais bon, difficile à décrire comme sensation, d'avoir été victime de racisme pour la première fois dans ma vie.  On n'avait plus le droit de fumer après notre première cigarette, et on était pas mal mons vip que les autres clients, disons.  C'est peut-être aussi le fait qu'on a chanté la tune "All my life" de je-sais-même-pas-qui-et-je m'en-vais-googler-ça-immédiatement et que personne ne la connaissait (les choix de chansons en anglais étaient très limités) et on l'a vraiment massacrée, (c'est de K-Ci & JoJo, après renseignements, une belle chanson à écouter en même temps que votre lecture, haha, je ris)  Ça ne ressemblait pas pantoute à ça, notre interprétation, c'était même priceless, moi je faisais la voix de l'homme (j'ai une voix grave) et je lisais les paroles, carrément, avec Karine qui répétait les même paroles en les chantant avec une voix de fille passionnée.  Un canon poche, en résumé; Raph a dit en riant qu'on tenait quelque chose.  Dommage que ma caméra était pas rechargée, j'ai pas pu faire de film...  Enfin, c'est peut-être pour avoir niaisé sur notre première tune qu'on a perdu nos status "d'amis", mais bon.  Je plains vraiment le monde qui vivent le racisme à tous les jours, dans des situations pas mal moins comiques qu'un bar karaoké clandestin où on va une fois dans notre vie et où pratiquement la seule chose qu'on nous empêche de faire parce qu'on est d'une autre nationalité est de fumer une clope...


"faut vraiment que tu t'achètes ce disque là!"

Il y avait une Vietnamienne, tout de blanc vêtue, qui ne cessait de chanter, et elle chantait mal.  Ben aigu, nassillard par moment, et très faussement; et la musique, la musique.... de un, vraiment nulle, et ensuite, trop forte.  Je ne sais pas pourquoi les chansons vietnamiennes, pour moi, elles sonnent toujours pareilles, comme celles du Mexique.  Un jour, mon amie Viviane était revenue du Mexique avec un CD de chansons; je passais de la tune numéro 2 à la numéro 13 et il n'y avait aucune différence de beat, same shit.  Tellement que je me souviens des numéros des chansons.  Les notes, les instruments (euh, quels instruments? on dirait du synthétiseur) et leurs voix... leurs voix.... pourquoi chantent-ils tous aigu?  Hommes comme femmes?  Damn!  Mes oreilles ont bourdonnées jusqu'au lendemain matin.  Et là bas, ce qui est drôle, c'est que ce n'est pas quelqu'un qui monte sur une scène pour faire son show, c'est un petit monsieur qui t'apporte le micro à ta table, et tu chantes assis, parmi tes amis.  Peut-être que c'est pour cette raison aussi qu'on a autant niaisé, c'est plus intime...

Après avoir perdu nos droits, on s'est dit qu'on ne pourrait peut-être plus chanter, mais on est quand même allés porter des petits papiers au DJ, avec "Must have been love" de Roxette et "Pretty Woman" de Roy Orbisson (on feelait années 80, quoique les choix, comme je disais, étaient pas fameux), et oh, joie! on a pu les chanter.  Le hic, c'est que la télé devant nous écrivait la moitié des paroles, ou le DVD buggait, c'est selon, et personne d'entre nous connaissait les paroles de ces deux chansons par coeur, alors on les a encore massacrées, pour se rendre compte, après les deux tunes, que la télé à notre droite écrivait la totalité des paroles.  Les gens devaient se demander pourquoi on chantait aux deux phrases, on a dû être vraiment pénibles à écouter...

Digne de mention: y'a une fille qui a chanté "Because you loved me", de Céline, bien sûr, et on l'a gueulé intense par dessus elle, ha, celle là, on sait pas pourquoi, mais toutes les paroles étaient là, sur notre télé, et chanter du Céline, c'est tellement hot, surtout le bout à la fin où elle fait une note pas possible.  Je dois aussi mentionner qu'à part les verres de vin qu'on a bu chez moi, on a consommé une seule bière, dans un verre avec des glaçons, parce que c'est comme ça qu'ils le boivent là bas, on est des bonnes personnes, on fait comme eux, on s'accoutume.  Alors on était pas saoûls pantoute.  Lucides et tout.

- Man! Depuis qu'on peut pu fumer, là, j'me sens pu clandestin pantoute, ça enlève tout le charme à l'activité, si au moins y'avait genre un hamster dans une cage sur chaque table qu'ils font courir jusqu'à épuisement ou une bataille de coq en arrière plan! a gueulé Raph-le-non-fumeur.


la danse de Karine et Gen

(Et ça m'a fait penser qu'un jour, j'aimerais ça aller dans un Fight Club, comme dans le film du même nom.  Écrivez moi si vous avez des insides là dessus.)  Puis Karine et Gen ont décidé de danser sur la musique vietnamienne: le résultat était assez cocasse, on riait bien, mais on est pas sûr que les gens présents ont apprécié leur spectacle.  Un outsider aurait pu dire qu'elles se moquaient, mais quand on nous connait vraiment, on sait que Gen est une danseuse professionnelle enflammée (comtemporaine, là, pas nue, come on) et que Karine est juste une folle qui aime danser, tout simplement.  Elle a même dansé une petite gigue irlandaise, pour notre plus grand bonheur.  Je t'aime, Karine.

Au karaoké vietnamien, tu as le droit de chanter une tune qui a déjà joué: 

- Encore?!? j'ai crié.

On a entendu deux tunes en particulier, deux fois chaque, et franchement, ce n'était pas les meilleures.  My nous a raconté que parfois, des chansons peuvent jouer jusqu'à trois-quatre fois dans une soirée, que c'était en plus toujours les mêmes, des genres de classiques.  De quoi devenir fou si tu travailles là.


gigue, Karine, gigue, avec ta clope éteinte.
 Après deux heures, on en avait assez, surtout que ne pas pouvoir fumer de cigarettes quand tout le monde autour ont le droit, c'est pas juste, alors on est partis. Je me sentais presque mal d'exister, tellement qu'on nous regardait croche...

N'oubliez pas les scènes coupées au montage, lundi prochain, sur http://www.33mag.com/, as usual.

Tinh Chùng em và anh vâng tràng tiê'c vàchobao yêu thi thoi! (quelques paroles de chanson que j'ai eu le temps de noter, j'espère que je n'ai pas écrit quelque chose du genre "je vais rouler avec mon 4X4 sur ta poufiasse de soeur")

p.s. j'ai mis les photos en noir et blanc, je trouve que ça fait plus clandestin.