lundi 5 avril 2010

semaine 4: au casino

17h. J’ai essayé de rejoindre mon ami Raph par téléphone pour notre soirée au casino, sans succès. Philip ne cesse de m’appeler pour que je vienne chez lui faire une soirée ‘Sex and the city’. Moi qui me suis acheté la collection complète des émissions le mois passé parce qu'il manque toujours une saison quand je veux aller les louer au club vidéo, et qui les a regardé non-stop, sans oublier le film (il fallait bien que je les regarde encore avant la sortie de la suite au cinéma au mois de mai -mon chum en est devenu fou), je n’étais pas trop chaude à l’idée. Jusqu’à ce que Philip me dise :
- Mais nooon! On va pas regarder les émissions, mais on va s’habiller en ‘Sex and the city’ et boire des cosmopolitains jusqu’à se frapper la tête sur le plancher!

Là tu parles mon Philip. J’arrive, pis watch out mon outfit.

Raphaël me rappelle enfin : on convient de se rencontrer vers 23h30, minuit au casino. J’arrive chez Philip avec une bouteille de blanc, mon kit de feu et de quoi faire un tartare de saumon. On boit, on rigole, on mange et on s’habille; j’ai l’impression d’avoir à nouveau quinze ans. Le voisin d’en dessous est même venu se plaindre de nos talons hauts…

23h30. Je rappelle Raph et un taxi; casino, me voici! C’est la première fois que je vais dans un casino. Il y a beaucoup de premières fois, dans mon projet, n’est-ce pas?… En passant je n’ai pas enlevé mon kit ‘Carrie Bradshaw’ : je porte mes botties noires (donc je mesure maintenant dans les environs de 6 pieds), une jupe courte taille haute noire, une camisole gris-mauve large, une grosse fleur blanche que j’ai accroché sur mon poitrail à gauche, un veston ‘boyfriend’ gris et ma sacoche à carreaux noirs et blancs. Mes cheveux sont coiffés et Philip m’a maquillée comme Sarah Jessica Parker, avec pleeeeein de fard à joue, partout. Parmi les personnes âgées, les asiatiques et les jeunes boutonneux excités qui crient, je détonne fabuleusement, et je vois que mes jambes dénudées perturbent la concentration de quelques joueurs, mais qu’est-ce que je m’en fous! Je suis soûle. D’ailleurs, pourquoi y-t-il tant d’asiatiques qui jouent au casino? Est-ce qu’il ont un gêne de plus dans leur ADN qui aime jouer? Bref. On s’arrête à un bar vide boire un verre. Scotch pour Raph, sex on the beach pour moi (je ne bois jamais ça, mais y’avait comme cinq choix sur le menu en bois, et j’ai pas fouillé plus loin, j’ai pris le moins pire).
mes 25 cents
Raph m’emmène directement aux petits chevaux. C’est presque la seule place où on peut faire des mises de 25 sous,et ça, ça me plaît. Je ne suis pas du tout du type gambler. Je ne comprends d’ailleurs pas cette dépendance! C’est tellement con mettre son argent dans une machine, ou sur une table, pour du hasard. Je sais que des fois, les gens gagnent, mais j’aimerais bien savoir le pourcentage de chances que tu as de gagner contre un ordinateur ou un jeu de cartes. Le jeu de la roulette en est un parfait exemple; si tu mets un seul jeton sur la table, tu as une chance sur 38 de gagner : les chiffres vont de 1 à 36 sans oublier le 0 et le double 00. Une chance sur 38! C’est n’importe quoi. Et on parle même pas du rouge et du noir encore… Le croupier devait prendre ses bras, pas juste ses mains, pour ramasser tous les jetons qu’il y avait sur la table de la roulette. Je posais plein de questions au croupier qui semblait amusé mais le gars en veston du casino, un genre de doorman sans porte à surveiller, m’a donné brusquement les instructions sur un petit pamphlet et un tas de sous-verre en forme de roulette (anglaise d’un bord, américaine de l’autre, ouh) d’une telle manière que je n’ai pas eu d’autre choix que de partir; je pense que je dérangeais les joueurs plus qu’autre chose et qu’il voulait juste que je foute le camp!
Mon père m’a raconté par la suite qu’il y quelques années, quand le casino a décidé de mettre des tables à roulette, ils voulaient mettre la roulette anglaise, qui comporte 36 numéros et seulement le 0. Mais les gens ont crié au scandale parce qu’ils préfèrent la roulette américaine, avec le 0 et le double 00, car c'est comme à Las Vegas. Ils ont donc une chance de plus de ne pas gagner. Stupides gamblers.

Donc on est là, devant nos machines de petits chevaux, je ne comprends pas grand-chose au début, mais peu à peu je m’y fais. Les noms des chevaux sont complètement malades : ‘Mike’s a Dancer’, ‘Coyote Moon’, ‘King Cheetah’, ‘Mean Missy’, ‘Dr Toms Breezin’… parfois je ne pèse pas sur le cheval que je voulais et je gagne! À droite de l’écran il y a un petit commentaire sur l’état du cheval, comme par exemple ‘can he keep up sprinting?’, ‘disregard him’ ou ‘he’s a long shot’. Je me base surtout sur ces petites phrases vraiment drôle pour miser, plus que les chances que le cheval a de gagner qui sont affichées à droite complètement de l’écran. À la fin de chaque course il y avait un petit bruit de trompette que j’aimais bien, comme si on était à l’hippodrome. Et là, je me base encore sur les films pour dire ça, car je ne suis jamais allée voir une vraie course de chevaux mais… stay tuned.

l'acenseur du Casino
Après quelques 25 sous, on décide d’aller à la découverte du casino : on se ramasse devant la table de dés. J’ai observé attentivement le gars qui lançait les dés : il les plaçait toujours de la même manière et avait clairement développé une technique de lancer de dés. Et je suis sûre qu’il s’étonnait de ne voir jamais les même chiffres revenir, dans le genre ‘ah criss, j’ai pogné un 5 tantôt, je suis capable de le ravoir, j’ai pas assez twisté mon bras cette fois ci’ et qu’il se pratique régulièrement dans son sous-sol sur une table semblable à celle qu’il y a au casino qu’il a fabriqué lui-même… Quand on s’est tanné de les regarder, j’ai levé les yeux et j’ai remarqué un néon rouge au dessus de la table du jeu de dés, écrit craps. Oui, oui, craps. J’ai bien ri. Partout, partout il y a des machines électroniques et je vois beaucoup de gens à l’air complètement blasé, la tête accotée dans une main, les yeux à demi fermés, qui, avec l’autre main, pèsent sur le piton de leur machine à sous aussi vite que comme s’ils seraient en train de zapper avec leur manette de télévision parce que y’a rien de bon qui passe. J’ai vu une vieille dame toute habillée de noir, avec un bérêt, des gants et des bottes à paillettes, une autre juste à côté en jogging blanc sale avec un petit chaton sur son chandail. J’ai vu la seule machine à sous Rocky, et je vous mets au défi de la trouver!
Et là on est allés à une table de Black Jack où Raph a perdu 75 dollars en moins de deux minutes. Dire qu’avec 75$ on peut s’acheter un super beau vêtement, une bonne épicerie, mon compte de téléphone mensuel… non, décidément, je ne serais jamais une gambler. J’étais quand même impressionnée à quel point les gens espèrent tellement gagner, et dépensent encore et encore, à un moment donné, la petite fente où le croupier glisse les billets ne se fermait tout simplement plus tellement c’était rempli. Je me demande vraiment c’est quoi le plus gros montant que le casino a empoché en une journée...

2h45 am. C’est le last call : juste le temps de trouver un bar dans cet édifice rond où je n’ai plus aucun sens de l’orientation il est rendu 2h50. La dame en complet veston du casino me dit que le last call est fait, ils ne servent plus. -
- C’est quoi pour vous un last call? Ça m’a pris cinq minutes juste me rendre jusqu’ici! je me plains.
- Désolée, madame, répond-t-elle, en bonne brute polie.
Elle ne veut rien savoir et je sais, en tant que barmaid, qu’elle a le gros bout du bâton en ce moment. Je vais aux toilettes pour me consoler. Je vous l’ai déjà dit auparavant, on peut apprendre beaucoup de choses avec les toilettes. Je ris encore de ce que j’ai vu : un petit socle où les gens déposent leur petit seau de plastique où ils mettent leur monnaie! Et j’y ai moi-même déposé mon petit seau avec mes 25 sous...
Puis on se promène encore, on entre dans un genre de tunnel tout illuminé où je décide de prendre une photo : un gardien arrive immédiatement et me demande de l’effacer.
Raph-A-Light
- Pardon? je lui demande, étonnée.
- Vous ne pouvez pas prendre de photo dans le casino pour préserver l’identité des joueurs, récite-il.
Je lui tends mon appareil et lui montre ma photo en chialant : on ne voit personne d’autre que Raph, les machines et les lumières.
- Bon, je vous la laisse, me dit-il, un sourire en coin.
Et puis là, j’ai vu la chose la plus drôle de la soirée : un gars qui parlait au cellulaire et qui disait :
- Ouin, moi j’suis devant la section des hautes mises, là, toi t’es où?...


4h30am. On en a plein notre casque et on essaie de sortir du casino. On a essayé à peu près trois sorties avant de trouver la bonne, et à la deuxième, le gardien m’a regardée rentrer, et il m’a dit, d’un ton rempli de reproches :
- Vous n’avez pas juste bu de l’eau, vous, ce soir…
- Ben! Hé non?… je lui réponds en levant un sourcil (imaginaire; je ne suis pas capable de lever un sourcil mais bref, dans ma tête je me disais ‘de quoi je me mêle?!’).
-Je vais devoir vous demander vos cartes, s’il vous plaît, dit-il.
- Sans problème, je rigole, les voici. On veut juste crisser notre camp, monsieur. On cherche la sortie où y’a des taxis…