vendredi 17 septembre 2010

semaine 24: le Festival Western de St-Tite


Barney le taureau (5$ la shot)

Ah, le country, le western, la vie de cowboy.  C'est tellement beau!  Lorsque j'ai débuté l'Affaire 52, j'ai cherché sur Internet tous les festivals inimaginables que je pourrais aller observer, et j'avais noté en gros bleu 'ST-TITE' sur mon calendrier, du 8 au 19 septembre.  Il y a à peu près un mois, j'ai réservé deux billets pour le rodéo du mercredi le 15 septembre, il ne me restait qu'à me trouver mon partner.  C'est mon ami Raph qui a remporté la place.


Puisque je voulais vivre St-Tite jusqu'au bout, on est parti mardi après-midi (ça nous a pris cinq heures se rendre, putain de traffic de merde), et on est arrivé aux abords de St-Tite vers 21h.  On s'est arrêté dans un parking désert pour décorer la voiture, on avait acheté pour trente pieds de plastique décoratif; on avait longtemps hésité entre le motif de désert et le motif de bois de grange délavé, c'est ce dernier qu'on a finalement choisi.  On aurait eu assez de plastique pour décorer toute la voiture, mais on a manqué de papier collant... on a pu faire les deux côtés et le toit.  J'ai essayé de faire un burn dans le gravier avec le char, mais je pense que je suis trop peureuse, j'ai jamais réussi.  On est arrivé sur le site et on est allé se parker dans un champ où on a installé notre 'lit' dans le coffre arrière de ma voiture et où on s'est callé une bonne bière bien méritée.  Puis on est parti à la découverte du festival; on entendait de la musique au loin.


la St-Tite mobile

On a dansé en ligne, bu des shooters de Sour Puss (eurk! c'était le seul shooter qu'ils avaient?!!) et rencontré Lise et ses amis aux toilettes, cette gente dame propriétaire du camping Ste-Madeleine; comme quoi qu'on fait toujours les meilleures rencontres dans les toilettes.  Après avoir regardé des shows de country, on est allé au seul bar de St-Tite, le 500, avec nos nouveaux amis.  Et là, on a encore bu, et bu et bu (on a calculé environ dix shooters et six bières chacun, ouf), et dansé big time.  Je suis même allée sur la scène danser avec le band -qui était en haut du bar soit dit en passant- et à la fin de la chanson j'ai crié un bon ''yiii haaa'' dans le micro; quand je suis redescendue, y'a un cowboy qui écoutait le spectacle qui m'a dit " dékaliss, esti!"!  J'ai fait plein de clins d'oeil au chanteur mignon comme tout (c'est old school en criss, faire des clins d'oeil).  Je suis allée fumer une cigarette sur la terrasse avec Manon, l'amie de Lise, et elle m'a pleuré une bonne shot sur l'épaule: son copain qui était trucker est mort dans un accident de la route il y a deux ans et elle n'était pas capable de faire son deuil.  Lourd, lourd, lourd.  Pourquoi les gens me racontent-ils toujours leurs pires trucs dans mes Affaires 52?


"m'a la doigter" a l'air de dire Raph

Raph et moi, on a fait fureur avec nos costumes: on avait nos chapeaux de cowboy, une chemise carreautée, un coat de jeans, nos guns en plastique, et une bourse en toile attachée à notre ceinture avec un signe de piastre dessus.  J'avais même un débardeur en cuir noir avec des franches et mes bottes de cowboy en plastique.  Il faisait fucking frette, on faisait de la boucane quand on parlait, une chance que j'avais apporté ma veste de laine à carreaux.  On s'est inventé une vie, bien sûr: on était demi soeur et demi frère (on disait au monde que notre mère fourrait partout, qu'on était huit dans la famille, tous de pères différents, malaise), qu'on venait de Ste-Gloire, en Beauce, un petit village de deux cent personnes (ça existe trop PAS) -mais une fois rendus ben saoûls, on disait Ste-Gladue- et que à Ste-Gloire, on avait une dent contre Granby parce qu'ils venaient nous piquer nos animaux pour les mettre dans leur zoo.  Quand le bar a fermé, on est allé Chez Toune, une tente-restaurant ouvert 24h pour nous enfiler une bonne poutine avec des gars qui travaillaient dans le bois à couper des arbres, et moi je clamais haut et fort que les gars dans leur genre devraient être payés plus cher comparativement aux avocats qui ne font pas autant de travail (physique, on s'entend).  Ils m'aimaient ben.



un ami que je ne me souviens pas pantoute, hehe

On est allés se coucher dans la voiture, qui était quand même confortable; on a dormi un bon six heures.  Le lendemain matin quand je me suis réveillée, je n'avais plus de brassière, de jeans et ma chemise était toute ouverte.



Raph au réveil, avec Jean Daniel, notre passager articulé
 - C'est pas moi! a dit Raph.


Raph quant à lui, ne trouvait plus ses lunettes et il était pas mal plus poqué que moi (j'avais fait mon truc 1-2-3 (1 repas avec féculent, 2 advils gel, 3 verres d'eau), même saoûle comme une botte de foin de St-Tite, efficace, la fille).  On s'est rendu compte qu'on avait perdu nos guns à pétard dans notre folle soirée... (j'en avais apporté quatre autres en cas de perte, hehe, doublement efficace la fille).  On est allé se payer un déjeuner dans un vrai restaurant, pas dans une tente; le déjeuner du cowboy: c'est la même chose que le déjeuner du camionneur, en fait.  Et là, on est allés visiter le festival pour vrai.



les jeans idéales quand tu prends/perds
beaucoup de poids
 St-Tite, c'est un quadrilatère de rues remplies de kiosques de cochonneries.  That's it.  Même pas de stand pour tirer à la carabine, même pas de tour de chevaux.  La seule chose un peu country qu'il y avait c'est un gros boeuf qu'on pouvait s'asseoir dessus et prendre une photo pour 5$.  Même les stands écrit 'méchoui' n'avaient pas d'animal qui tournait sur une broche, c'était tout coupé d'avance.  On s'est fait harceler par des vendeurs de cire à bottes, de ChamWow (c'est pas ShamWow?) et de Magic Bullet, de lunettes cheap, de chandails poches style 'ZigZag', 'Jack Daniel's' ou avec des slogans nuls du genre 'té laitte en criss'.  On a gunné à peu près quatre cent personnes avec nos guns en plastique en disant ben fort ''M'A T'GUNNER, ESTI!", je l'ai même fait à une petite fille qui braillait trop fort pour ma pauvre tête de lendemain de brosse.  Souvent, on sortait nos guns en plastique et on criait 'GANG! BANG!'.  À un moment, j'étais aux toilettes et Raph m'attendait dehors, lorsque j'ai entendu ce bijou de conversation:


- GANG BANG! criait Raph, avec son gun dans les airs.


- Euh, scuse? lui a demandé un homme qui passait par là.


- Oui? BANG GANG BANG! a riposté Raph, cowboy dans l'âme.


- Sais-tu ce que ça veut dire, gang bang?


- Ben, ça veut dire POW POW!

le médiéval: il est vraiment partout, merde
- Eeuuuh, non, pas vraiment, a répondu le gars, tout gêné.  Ça veut dire... tsé...une fille, avec un gars, pis un autre gars, pis un autre gars....


Moi je pissais (c'est le cas de le dire) de rire.

On a fait un Vox Pop avec ma caméra vidéo, attendez de voir ça, c'est un petit diamant de western.  Juste en preview, j'ai interviewé Justin Trudeau et Micheal Ignatieff, en leur posant des questions du genre: "si t'étais un cowboy, ça serait quoi ton nom?", " toi t'es tu plus Dolly Parton, Johnny Cash ou Iron Maiden?" ou encore ''c'est quoi ton handicap au lasso?'' (réponse de Justin Trudeau: "je ne savais même pas qu'on handicapait au lasso!"... ah, ce fameux verbe handicaper).  Lorsque j'ai terminé mon interview avec Big Mike, il a dit ''ça y est, ma carrière politique est terminée'' et tous les téteux autour de nous ont ri.  Puis, on est allés souper: on a mangé de la poutine (encore!) avec une sauce à la bière remplie de coriandre en graines, il y en avait même un peu trop d'après moi, je l'ai roté longtemps.



y'avait un clown dans le baril vert

Puis est venu le temps du rodéo.  On a vu de la danse en ligne, et on a ri, parce qu'une des filles avait l'air vraiment pas à l'aise, et il y en avait une vraiment fat avec des jeans pâles toutes serrées, pas avantageux pour deux cennes.  On a vu la montée du cheval sauvage avec selle, sans selle (cheval sauvage mon cul, oui, il n'est pas sauvage du tout; ils installent une ceinture squeeze-couilles, et le cheval tente de l'enlever en donnant des coups de pattes dans les airs, simplement), la montée du taureau sauvage, pour adultes et juniors (jamais j'accepterais de mettre mon kid sur un taureau qui a les couilles serrées), la course de sauvetage, la prise du veau au lasso, le terrassement du bouvillon, l'échange de cavaliers et la course de barils.  Ils nommaient les cowboy qui avaient tous des noms vraiment hot, du genre: Raby Turcotte, Roy Gross, Corey Kidd ou Buck Johnson, les bouvillons, par contre, n'avaient pas de noms, juste des numéros.


- Ça serait hot qu'il donnent des noms aux veaux aussi, genre "...et maintenant, Tchett Cliff va essayer d'attraper Anatole Simard!" a blagué Raph.



coup de cheval

On a vu un cowboy recevoir un coup de sabot de cheval fou dans le dos, il avait l'air mort, les secours sont venus et tout, mais il s'est finalement relevé sous les acclamations de la foule et il avait pas l'air fort fort.  Son ego de mâle l'a sûrement aidé beaucoup. 


- Check là bas, y'a un gars qui dort! m'a dit Raph.


- Hein! Où ça? j'ai dit en cherchant dans les estrades.


- Ah non, fausse alerte, y'a juste l'air idiot, a rigolé Raph.



gros bonhomme Michelin

Raph a bien aimé le rodéo, il trouvait que c'était moins barbare qu'il pensait, et en plus, "il y a des chicks avec des chapeaux de cowboy".  Le seul point négatif, c'est qu'on était en plein milieu de la rangée, donc impossible de se commander une bonne broue Molson Ex en canette.  Moi j'ai aimé ça aussi, mis à part les deux grosses personnes à côté de moi qui prenaient à eux seuls trois bancs; une chance qu'il y avait un banc de libre à côté de nous parce que je ne sais pas comment on aurait fait pour être assis s'il y avait eu une personne de plus.  On était tellement tassés que Raph a dit que ses testicules étaient complètement collées sur ses cuisses (vive les organes génitaux féminins, hein).  On a assisté à une demande en mariage country, le gars avait fait un petit vidéo qu'ils ont projeté sur les écrans géants, et ils ont donné un micro à sa blonde pour entendre sa réponse; elle a dit ''ouiiii!'', évidemment.


St-Tite: une nuit et une journée suffit pour faire le tour, c'est notre conclusion.  Je comprends pas ceux qui restent les dix jours.  Il faut avouer que la plupart restent en caravane, nous, on avait pas de douche, juste un semblant de lit, pis maudit que j'avais hâte de me laver et d'aller aux toilettes dans une toilette propre qui ne sent pas la vieille urine.