vendredi 24 septembre 2010

semaine 25: le plateau de tournage -Contrat d'gars-

Il était une fois deux gars, John et Alex.  Il y en a un qui aime les trucks et le cuir, et l'autre qui est né tout nu dans une boule d'électricité dans un parking, comme Arnold pis l'autre police qui parle jamais sauf pour imiter les autres et qui transforme ses bras en épée.  Eh oui, je parle bien de Contrats d'gars/Vie de vrai gars... j'ai passé deux jours à les observer dans leur habitat naturel.

Jour 1

Je devais être dans une forge dans le Vieux Montréal samedi matin pour 10h, je suis arrivée à 10h30.  Dormir trois heures après une journée ET une nuit de travail, c'est pas pour moi, et le pire dans tout ça, c'est que le gars de la forge avait oublié de venir débarrer la porte, on a attendu dehors pendant une heure; j'aurais pu dormir plus longtemps, criss.  Jo Roberge aussi: il n'a même pas été capable de prendre une douche tellement il était fatigué.


- Là, je sens le vrai mâle, il a dit.


L'équipe est petite: il y a le réalisateur, Pierre Luc Gosselin, deux helpers/techniciens/accessoiristes, Jonathan Barbe et Mathieu Dubuc, et évidemment Jonathan Roberge et Alexandre Champagne, les deux hommes virils.  Jo Barbe avait apporté des beignes plein de sucre pour déjeuner et la maman d'Alex avait acheté des barres tendres, bouteilles d'eau, jus d'orange, sandwich pré-faites et autre nourriture avec des ingrédients étranges que mes papilles aiment pas trop (hep, que voulez-vous, déformation professionnelle, mais c'est très gentil de sa part, faut l'avouer, c'est une bonne maman).  En attendant le forgeron, Jo Roberge, avec l'air innocent, passait en coup de vent entre nous et donnait des coups sur les pénis de tout le monde en criant ''pénis! pénis!''; j'ai même eu droit à un coup de vulve (il a dit "vagin!", et moi je lui ai fait un cours d'anatomie féminine: le vagin est le conduit intérieur, la vulve, c'est l'extérieur; il n'est jamais trop tard pour en apprendre plus sur les femmes, eh).  En fait, j'aurais dû lui dire de dire pubis, c'est bien plus laid comme mot, et ç'a plus de sens.



OSTIE de médiéval!!!!

Le forgeron est enfin arrivé, et on a pu entrer dans l'atelier.  J'ai spotté le seul banc et je me suis écrasée dessus, en prenant bien soin de ne pas mettre ma peau en contact avec le coussin tout crasseux (j'avais enfilé mes vêtements que je portais la veille au bar -trop fatiguée pour chercher autre chose, c'est-à-dire une jupe courte).  Après s'être installés, ils ont commencé à tourner: en gros, les scènes dans la forge sont John et Alex qui écoutent des ondes radio de la police et ils captent un appel de prise d'otage (c'est leur "moment de shiner, ostie": pour eux, les polices sont tous des fions qui ne sont pas des vrais mâles et ils veulent leur prouver qu'ils sont meilleurs qu'eux).  Il y avait une scène où ils devaient soulever une bâche (pleine de boucane pour plus d'effet) où était leurs guns et s'armer: ils en ont rajouté encore et encore, avec tous les objets meurtriers qu'il y avait dans la forge, une fourche, une scie ronde, puis Alex qui met des gants, qui clique des mousquetons de corde jaune, John qui enfile sont coat de cuir, en veux-tu en v'là.  J'ai proposé de zipper ma botte et on l'a fait; la joke c'est que c'est un mollet de fille qu'on voit.  Et paf, je suis une figurante de mollet! 

j'ai choisi l'image sur le calendrier. chic, non?


En face de la forge, il y avait un lave-auto:  je me suis dit "tiens, je vais aller faire laver mon char qui est rempli de tape de St-Tite (voir semaine 24), ça va me sauver du temps"; puisque cette semaine, j'ai deux contrats de traiteur en deux jours et pas de temps ni l'envie de décoller cet adhésif trop puissant.  J'ai vraiment bien fait: ça leur a pris une heure et demi la nettoyer, et ils ont dû prendre un gun à chaleur pour tout décoller.  Ça m'a coûté fucking 60$, mais c'était de l'argent bien dépensé, je me suis dit, comparé au temps que ça m'aurait pris à le décoller moi-même; j'ai pas ça, moi, un gun à chaleur, juste un séchoir à cheveux, et je n'aurais même pas pensé à utiliser la chaleur, je ne suis pas une professionnelle de carrosserie, tiens.  C'est la première et dernière fois que je mets du tape sur mon char, promesse de vie.


Puis ils ont tourné le vidéoclip du groupe de John et Alex, Tabarnak Fourrer: j'ai ri tout le long (en silence), surtout de John, qui joue du gun sans aucun rythme en hurlant et en dansant tout croche.  Alex m'a proposé de faire la fille qui danse en arrière, mais j'ai refusé; ça aurait été plus drôle si j'avais eu un suit sexy de racing ou un bikini Labatt 50, et je l'aurais fait sans problème.  Mais habillée en moi, pas trop, non.  Le tournage a fini vers les 17h30, et moi je suis allée illico faire une trop courte sieste avant de retourner derrière mon bar.  Jo Roberge, lui, a dit qu'il allait se masturber big time avant d'aller se coucher.

Jour 2


John
 Puisque je trouvais que je n'avais pas assez de stock pour écrire mon article, je suis retournée sur leur plateau le lendemain: c'était dans un champ de paintball à Laval au coin de la 440 et de la 13, bien sûr je me suis perdue, comme d'habitude quand je ne sais pas où je m'en vais, et quand je me suis arrêtée pour gazer mon char, j'ai pogné une pompe presque vide; je devais pomper à chaque cinq cennes, ça m'a pris genre dix minutes remplir mon réservoir.  Toutes ces mésaventures m'ont empêché de voir la scène où Alex est en speedo... quel dommage; je suis arrivée et il était en train de se rhabiller.  Il n'a même pas voulu me dire pourquoi il était en speedo, ça brûle un punch, selon lui.  Lorsque j'ai vu Jo Roberge, je lui ai demandé:


- Pis? C'était bien, ton crossage, hier soir?

- Mets-en, j'me suis touché en regardant des filles avec des strap-on.


Il y avait une dizaine de figurants, dont quelques uns qui se battaient juste pour le fun.  Ah, la testostérone.  Je suis allée m'asseoir avec eux pour leur poser quelques questions:


- Toi, t'es un ami de quelqu'un sur le plateau?


- Non, j'ai vu sur Facebook qu'ils avaient besoin de figurants alors j'ai envoyé mon nom...


Un autre m'a dit:



Alex
 - Ben moi j'étais là, dans la bataille au parc Maisonneuve de la saison 2, et j'ai renvoyé mon nom pour cette saison ci, je suis un grand fan de Contrat d'gars, je les connais par coeur.

Ils tournaient des scènes de guerre, et j'ai assisté au plan où John a un hélicoptère derrière lui; évidemment, il n'y en avait pas un pour vrai, c'était une souffleuse à feuilles qui faisait le vent, ils vont le rajouter au montage.  Puis ils ont tourné des scènes avec un Vietnamien qui devait courir plusieurs fois dans la même direction mais jamais pareil; Pierre-Luc va le décupler au montage, comme s'il y en avait plein.  Parfois, les figurants ne comprenaient pas trop trop les directives de Pierre Luc qui devait les répéter... ah, les joies des figurants.  Je les connais bien, les figurants, pour avoir souvent travaillé comme traiteur sur les plateaux de tournage, je me ramassais fréquemment sur leur lunch; ils peuvent être franchement pénibles, sorry.  "Je vais être connu dans cinq ans, j'ai écrit plusieurs scénarios, bla bla bla, j'ai apporté mon CV, tsé, on sait jamais", et je dois avoir l'air intéressée pour ne pas être blessante, mais dans ma tête, je me dis "ah, ta yeule, tu parles pas à la bonne personne, moi je sers juste le souper, merde"...


Ils ont terminé de tourner les scènes de la guerre du Vietnam, et on est allés manger tous ensemble au St-Hubert; et dans la voiture d'Alex, il y avait un figurant, Guillaume de son prénom, et ils jasaient de char de police:


- Un gros criss de crown Victoria police pack, man.

- Quoi? Tu parles français là? j'ai demandé.


Un langage de vrai gars que je ne saisi pas du tout le sens...


J'ai assisté à ma première food fight, c'était fantastique: je ris encore en y repensant.  À un moment, Jo Barbe a pris un morceau d'orange dans ma salade ("tabarnak, c'est qui qui a commandé une salade!?!") et il l'a lancé en faisant une catapulte avec sa fourchette; c'est atterri sur le mur et ç'a fait une grosse coulisse.  J'ai lancé un morceau de frite par derrière et elle est tombée directement dans le pot de sauce brune de Jo Roberge, quand même, hein, j'ai un sale visou.  Après avoir mangé, rigolé et tralala, on est retourné dans le champ tourner les scènes de nuit.  La conne, je n'avais pas pensé m'apporter un chandail chaud, moi qui normalement est la fille la plus prévoyante du monde, et une chance que Guillaume en avait un en surplus, il me l'a prêté, j'ai même mis un manteau de la guerre de Sécession par dessus et je gelais quand même.  Les figurants qui restaient avaient tous un sale équipement de l'armée, manteau, bottes, casques, et même les gros sacs avec plein de poches, alors j'ai demandé pourquoi:

- Est ce que vous faites l'armée pour être équipés comme ça?


- Non, on joue au paintball.


- Moi, a dit un gars, je l'ai fait l'armée, mais j'ai pas fini.



un Allemand qui se fait exploser le crâne

- Pourquoi?

- Parce que c'est d'la grosse marde!

Sur leurs chars, ils avaient tous un collant écrit 'deathkorp.com', je suis allée voir le site, et voici la description : "La Deathkorp est une équipe de simulation militaire qui prône le réalisme autant au niveau des techniques de combat utilisées par les opérateurs que les scénarios et les éléments qui les constituent." Mouin.  Tout ce que j'ai à dire là dessus, c'est que c'était des figurants de rêve pour les scènes qu'ils devaient tourner ce jour là.

À un moment, ils ont tourné une scène avec du barbelé, et j'en ai reçu un derrière la cheville, tabarnak, ça fait mal en criss; ça va faire cinq jours et j'ai encore la scratch.  Ceci dit, entre les scènes, c'est très long, ils doivent trouver la lumière parfaite, le bon plan de vue, parfois faire quelques répétitions off camera... à 23h30, j'en avais ma claque de rester debout à geler comme une merde.  Je suis partie en mettant le chauffage au max prendre une bonne douche brûlante chez moi.



Conclusion: c'est drôle, un plateau de tournage plein de gars qui niaisent, j'aime ça, moi les niaiseries, je suis une niaiseuse assumée.  Je trouve juste que ça manque légèrement d'organisation féminine, tsé, une bonne marâtre qui fait en sorte que ça va vite et bien en fouettant un peu le monde.  Ça, c'est mon côté chef qui parle... ceci dit, j'ai bien hâte de voir la saison 3.  Et mon mollet fraîchement rasé.

Sortie à quelque part pendant l'automne sur le http://www.contratdegars.com/

la dernière scène de la première émission

allez voir les deleted scenes sur http://www.33mag.com/, section magazine (en ligne les lundi)


 
p.s. maintenant que j'ai publié mon article, j'attends un coup de fil, n'est-ce-pas, Viviane? (inside de filles, fallait que je la fasse...)