lundi 3 mai 2010

semaine 8: le lancement

Ah, le star système. J’avais hâte de m’y mettre! J’avais une autre activité de prévue pour cette semaine mais j’ai changé d’avis à la dernière minute; comment refuser au star système, n’est-ce pas? Je suis donc allée au lancement du premier disque du groupe Balboa, mené par Rémi-Pierre Paquin, le comédien. Je n’ai jamais entendu parler de ce groupe, je n’ai même pas entendu une chanson, rien. Je vais là avec l’innocence d’un enfant.
18h. J’avais déjà « assisté » au lancement du DVD de Louis-José Houde en 2006, ‘à l’Olympia’, en y travaillant, entre la cuisine et le bar, autrement dit j’étais la servante de service, pas la fille qui a un verre dans la main et qui est une invitée… c’est pas pareil pantoute. Donc, j’arrive au Cabaret Juste Pour Rire sous la neige de merde de fin d’avril avec seulement dix minutes de retard et j’entre dans un hall où il n’y a que des posters, des t-shirts, des slinky et des disques du groupe Ariel. J’ai soudainement eu peur de m’être trompée d’endroit, mais pourtant je me souvenais très bien d’avoir lu Cabaret Juste Pour Rire… Puis trois gars entrent et semblent, comme moi, désarçonnés, et l’un d’eux demande à la fille derrière le petit stand de gogosses :
- Euh… le lancement de Balboa, c’est pas ici?
- Non, répond-t-elle, c’est l’autre porte à gauche.
- Je vous suis, j’ai dit aux gars qui sortaient déjà.
le buffet.... (ouach!!!)
Puisque j’avais un de mes parapluies brisés (il le sont tous), je suis allée déposer mes choses au vestiaire; je ne voulais surtout pas être la-fille-qui-va-dans-un-lancement-avec-un-parapluie-chiant-et-dégoulinant. J’ai décidé d’aller immédiatement m’acheter une bière, parce que personnellement, je trouve ça ridicule d’aller dans un établissement et ne rien boire -et j’avais envie d’une bonne bière fraîche, c’est sûr. Même si je n’ai pas envie de boire de l’alcool, je prends toujours un jus ou une liqueur, parce que je sais à quel point c’est chiant d’avoir une foule de gens devant toi et ne rien vendre à boire, donc ne pas faire de pourboire : ça m’est déjà arrivé et plus d’une fois. Mon amie Fred a tout juste eu le temps de me rejoindre avant que je commande la bière. On est ensuite allées se tasser dans un coin siroter nos Alexander Keith’s blonde avec une lime (j’aime beaucoup la lime) et essayer de trouver des vedettes et/ou des chaises, on a pas trouvé ni l’un ni l’autre. On a trouvé une table de buffet par exemple. Ça c’était le pire, je crois, le buffet, j’en ai encore des frissons : deux gros bols, un vert et un beige, qui avait l’air de deux bols de vomi avec une cuillère dedans; je ne peux même pas dire c’était quoi, une énorme salade de macaroni cheap, vous savez, faite avec de la Miracle Whip (ouach), des petites pizza froides découpées en portions individuelles dans des petits papiers de muffins empilés les uns sur les autres en montagne et à peu près trois cent napkins. Des tas de persil frisés étaient étalés par-ci par-là sur la table. C’était pire que dans un salon funéraire! Je me suis promis d’aller laisser ma carte d’affaire à Mister Paquin.
Le spectacle commence, et on a toujours pas trouvé de chaises. J’ai peut-être l’air paresseuse juste là, mais j’étais debout littéralement depuis neuf heures le matin, travail oblige, mais bon, je me suis résignée à rester debout encore un peu, et de toute manière avais-je le choix. Le compas dans mon œil a évalué la foule dans les environ de soixante quinze personnes. Donc Rémi-Pierre Paquin fait un petit speach de début de spectacle qui ressemblait en gros à « nous sommes Balboa, nous faisons de la musique depuis 7 ans, c’est Kim au clavier, François à la batterie, Alex à la basse, Geneviève la choriste et moi-même Rémi Pierre Paquin (la guitare et la voix), on s’appelle Balboa à cause de Rocky… » . Et ils ont commencé à jouer.

oui oui, c'est flou...mais si j'avais mis le flash j'aurais pogné
la têtes des gens et pas la scène...
Bon, je ne suis pas critique musicale (ni photographe comme on peut voir), ni une musicienne, et surtout pas une chanteuse, mais je sais reconnaître quand quelqu’un ne chante pas juste, et quand les harmonies vocales sont ratées. Ce n’était pas si pire, et pourtant j’avais déjà vu mieux, mais bon, j’avais l’impression que c’était un trip de faire un disque et un spectacle peut-être plus pour eux-mêmes que pour les autres, ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi. Quinze minutes plus tard, ils disaient au revoir, et j’ai regardé Fred :
- Quoi? Deux chansons, et c’est tout?
- Ben non, ils en ont joués quatre, a-t-elle rigolé.
- Hein? J’ai vraiment l’impression qu’ils en ont joué juste deux, peut-être trois à la rigueur… déception! j’ai dit.
Puis c’est à ce moment que les vedettes sont arrivées (beau timing). Stefie Shock, Pierre-François Legendre, François Létourneau, Anne Marie Losique, Michel Gauvin-Mike Gauvin (je sais pas c’est quoi son vrai nom), la comédienne qui a le même nez que moi mais que je ne sais pas c’est quoi son nom (j’ai l’air fine là –et non, c’est pas Mahée Paiement), Pierre Luc Brillant, Tanya Lapointe, la journaliste culturel de Radio-Canada qui faisait son topo, et c’est pas mal ça. La musique était pas trop forte, la lumière encore très tamisée, le buffet toujours aussi garni. La salle se vidait peu à peu. Puis j’ai décidé de faire mon enquête et de demander à des gens pourquoi ils étaient là avant que la salle ne soit complètement vide. Les quatre interviewés ont répondu la même chose :
- Ben Rémi Pierre Paquin est mon ami sur Facebook et il a dit dans son status ‘RSVP à tel email pour venir à mon lancement’ et donc, je suis venu, je voulais voir c’était quoi un lancement.
J’ai poussé un peu plus loin avec une fille :
- Est-ce que t’as aimé ça?
- Ben franchement, je suis un peu déçue, elle m’a dit. Je suis descendue de Gatineau pour venir ici, et une chance que je passe la nuit ici et que je vais magasiner demain parce que j’aurais pas aimé faire deux heures de route aller et retour juste pour ça.
Puis Rémi Pierre Paquin est arrivé près de notre table.
- Hep! je lui ai crié. Rémi!
J’ai tendu ma carte :
- Tu sais, ton buffet… ouf, hein. C’était pas trop fort, non?
- Ah ben, on avait un concept de kitsch! Un buffet kitsch! a-t-il dit.
- Ouf, faut le savoir… Mais je pense que tu peux faire kitsch, bon mais surtout appétissant, non? La prochaine fois, appelle moi, je suis traiteur, je serais heureuse de t’aider à pas avoir l’air fou.
- Elle est vraiment bonne! lui a glissé Fred, ma valeureuse.
Mais je pense avoir ruiné mes chances de contrat avec Rémi Pierre Paquin parce qu’après cette petite conversation il a conté une blague qui a vraiment tombé à plat et moi la conne, je lui ai dit ‘ouin, pas trop drôle, celle là’… et oui, c’est bien moi, Mitche, la fille qui dit toujours la mauvaise chose au mauvais moment. Il a immédiatement tourné le dos… Après ma quatrième bière, on a crié ‘last call’ derrière moi, et on a allumé les néons, j’ai regardé ma montre : 8h45. Bof…
On s’est retrouvées dehors avec ma moitié de bière encore pleine. On a fumé une cigarette en se demandant si tous les lancements étaient aussi plates que ça, et on a décidé de partir chacune à la maison, même si on a savait que l’after-party du lancement était au Edgar, sur la rue Mont-Royal. Si on se fie sur le lancement, qui était assez décevant dans l’ensemble, je peine à imaginer l’after. Deux ou trois petites fausses groupies qui lorgnent vers la table des musiciens? J’ai plus d’honneur que ça, quand même. Fred m’a fait un lift jusqu’au métro Mont-Royal et… on a entendu Rémi Pierre Paquin en entrevue à CKOI. Puis un peu plus tard, en zappant, sur ma télé, je suis tombée sur l’émission ‘l’Univers’ à Musique Plus et qui j’ai vu? Rémi Pierre Paquin.
aaaaaaargh!
p.s. je suis d'autant plus choquée par le buffet qu'ils nous ont présenté quand on sait que l'album s'appelle 'buffet'...