dimanche 8 août 2010

semaine 18: le saut en parachute

Tout a commencé lorsque ma tante Julie a laissé son vingtième chum en carrière; elle s'est fait alors la promesse d'être célibataire pendant un an (ma famille et moi avons fait un pari qu'elle ne tiendrait pas; mon oncle et ma tante on même gagé 50$ avec un deux pour un si elle flanche) et elle s'est fait une bucket list pour se changer les idées, et dans cette liste, il y avait le saut en parachute.  Puisqu'elle sait que je dois faire une activité insolite par semaine, elle m'a demandé si je voulais venir avec elle.  Au départ, j'étais enchantée et je voulais vraiment y aller.  Puis est arrivé plein de petites mésaventures financières qui n'ont carrément empêché de faire quoi que ce soit.  En d'autres mots, j'ai pas une criss de cenne...  lorsque j'ai dit à Julie que je ne pourrais probablement pas sauter avec elle faute de manque de fonds, elle m'a demandé si je voulais venir quand même pour le support moral.

- Évidemment! je lui ai dit.  Je serai là.

Ballin'
Et puis est arrivé la dite semaine; on avait prévu y aller vendredi le 6 août puisque ma tante a congé les vendredi, et moi je ne travaille que le soir.  Mais dans cette semaine là, j'ai tellement eu de bonnes nouvelles (et du sexe en plus), que je me suis dit ''fuck it, je mets ça sur ma carte de crédit déjà ultra pleine, et je saute, câross''.

Ma tante avait réservé pour 16h à l'école de Guillaume Lemay Thivierge, Voltige, située à Joliette.  À chaque heure à partir de midi, on appellait pour savoir si on pouvait sauter, parce que des fois, la météo n'est pas de notre bord pour le saut en parachute.  Putain de micro-climat de Joliette, à chaque fois la fille nous disait:

- Il y a un peu trop de vent, il n'y a pas de sauts en ce moment, rappellez nous un peu plus tard.

À 15h, on s'est dit, d'la marde, on y va pareil.  Et nous voilà, ma tante, ma soeur Joëlle (elle venait pour le support moral et prendre des photos avec son super dupper appareil) et moi -avec mon look d'aviateur pour l'occasion- sur la Métropolitaine direction est, dans la décapotable de Julie, en plein bouchon de circulation, quand l'école Voltige nous appelle:

- Oui, bonjour, on a pris un peu trop de retard dans les sauts, on va devoir reporter ça un autre jour!

- Euh, va chier, salope! on lui a dit.

Mais non, on a pas dit ça.  Mais on était pas contentes... on avait attendu toute la journée en se préparant mentalement et en se disant qu'on allait se lancer dans le vide, et là, elle nous coupait l'herbe sous le pied!  Fuck you, école Voltige, fuck you, micro-climat de Joliette et fuck you, Guillaume Lemay Thivierge d'avoir fait ton école de saut en parachute dans une région où il y a toujours des nuages et du vent! 

Julie et moi
Puisqu'on était coincées dans la circulation, ma soeur qui conduisait a sorti son iPhone et a cherché une autre place de sauts en parachutes dans les environs de Montréal.  On a trouvé l'école Adrénaline, située à St-Jérôme.  Moins loin que Joliette en plus.  Mais là, il était presque 17h, et on voulait vraiment sauter.  Alors j'ai pris les grands moyens:

- Salut! j'ai dit à la fille qui a répondu, je m'appelle Mitche et je travaille pour 33mag, et je fais un reportage sur le parachute, et bon, on avait réservé à l'école Voltige et là ils viennent de nous dire qu'on pourra pas sauter aujourd'hui, et je sais que c'est dernière minute un peu, mais si on part de Montréal maintenant, est ce qu'on peut sauter, chez vous?

- Ben oui, sans aucun problème! On vous attend! a-t-elle répondu avec entrain.

Je pense que je vais mentir blanchement plus souvent, désormais.  Ça marche toujours!  Alors on a pris la 440 pour aller rejoindre la 15 nord à toute vitesse, moi qui était assise à l'arrière et qui écrivait mes pensées de pré-parachute dans mon petit calepin, les cheveux fous dans la face et déjà gras (je les avais lavés le matin même), je commencais à stresser un peu pas mal.  Je me serais bien pris deux, trois ou dix shooters de vodka... 

Il y a trois semaines, j'ai baillé en ouvrant ma bouche bien grande comme une grosse conne, et ma mâchoire du côté gauche a craqué intense.  Ça m'arrive parfois qu'elle craque et que ça me fait un peu mal deux ou trois jours, mais là, ça fait trois semaines et j'ai de la misère à manger; je ne suis même pas capable de manger une sandwich.  Et là, j'avais peur de crier ben fort en tombant dans le vide et me faire encore plus de douleurs à ma pauvre mâchoire...  Puis ma soeur m'a demandé de regarder le numéro de la sortie sur son iPhone (vive ces petites machines technologiques) et à la place, j'ai demandé à l'application de Paul le Poulpe si on allait mourir: il a dit non. Paul le Poulpe a toujours raison.

Ma soeur nous a alors raconté une histoire de parachute: un de ses collègue de travail a payé un saut en parachute à sa blonde pour ses trente ans.  Il avait mit l'école de connivence, en leur faisant étendre une énorme banderole sur le sol écrit ''veux tu m'épouser?'' pour que sa blonde le voit pendant sa descente.  Ma tante était aux anges; moi j'avais envie de vomir. 

moule-cul
On arrive finalement à l'école Adrénaline.  On doit remplir un formulaire avec nos noms, une personne à contacter en cas d'urgence, signer des trucs qui disent qu'on ne les poursuivera pas si on se pète la gueule - ma tante qui est secrétaire juridique m'a dit que c'était de la merde, des contrats comme ceux là, un bon avocat peut toujours trouver une faille- et ensuite on devait se peser- toutes habillées.  Je pensais que je pesais dans les 140 livres, et non, c'est plus bas que ça, vraiment plus bas...  j'ai mis ça sur le compte de ma mâchoire qui m'empêche de manger et de ma un-peu-moins récente rupture.  (parlant de rupture, c'est la meilleure chose que je n'aurais pas pu faire pour moi-même, depuis, il m'arrive plein de trucs extraordinaires.  Heureuse Mitche!)

Julie demande à la fille en lui remettant son formulaire si elle peut sauter avec un gars.

- Tant qu'à me coller sur quelqu'un, aussi ben me coller sur un gars! elle a dit en riant.

On nous a donné des combines one piece, et moi j'en ai demandé une grande; j'avais pas envie d'avoir un camel toe, vu que je suis grande, et c'est pas trop trop confortable, un camel toe, surtout dans les vêtements d'autrui.  Puis on est entrées dans le petit avion assez rapidement, et les gars ont essayé de me matcher avec le pilote; ils ont pas arrêté de nous dire des niaiseries, du genre: ''oh oh, l'avion fait un bruit bizarre, c'est pas normal'' ou ''si tu ne mets pas de lunettes, tes verres de contact vont coller sur ta rétine'' ou encore ''j'ai oublié mon altimètre, il va falloir que tu comptes jusqu'à 45 pour que j'ouvre le parachute au bon moment (yeah right)''.

- Est ce que quelqu'un a déjà fait caca dans son suit? j'ai demandé à Jimmy, mon homme, et à Olivier, celui de Julie.

- Oui! ils ont répondu en riant. C'était même un instructeur!

- Comment ça?

- Il avait juste ben envie...

that's me.
On montait, montait.  On est arrivés au moment de sauter: j'étais la première.  Je me suis avancée à genoux en traînant mon instructeur, et j'étais là, à regarder en bas, à 12 000 pieds d'altitude, et je me suis dit '' je m'en vais me pitcher dans le vide, là, là'' et j'ai pas pu penser autre chose que j'étais déjà en train de tomber.  C'est tout simplement incroyable la sensation!  Jimmy nous a fait faire des flips.  Le ciel, la terre, le ciel, la terre, c'est vraiment bizarre de se sentir tomber à 100 km/h en n'ayant aucun point de repère et en étant complètement vulnérable.  J'avais de la misère à respirer et il faisait vraiment froid; je me disais ''come on, Mitche, inspire, expire, inspire, expire'', rien à faire, ça ne rentrait pas. Je regardais en bas et j'étais juste estomaquée...  Je me suis dit que j'allais respirer quand le parachute s'ouvrirait.  Il nous a fait faire plein de tours sur nous-même et a finalement ouvert le parachute.  J'ai finalement réussi à prendre une grande bouffée d'air fraîche, c'était bon.  Mes tympans capotaient ben raide et ma mâchoire rushait un peu: au moins je n'ai pas crié, j'étais trop occupée à me dire que j'étais en train de tomber dans le ciel.  D'ailleurs, je ne comprends juste pas les gens qui se suicident en se laissant tomber d'un pont... c'est effarant la sensation du vide.  En tout, la descente a duré à peu près quatre ou cinq minutes; pour 282$ taxes incluses, ça vaut vraiment la peine.  Je recommencerai demain matin (avec plus d'argent cette fois ci)!  
I did it!
Quand le parachute est ouvert, on descend un peu plus doucement, et on peut parler avec notre instructeur.  C'est vraiment beau, la terre, vu du ciel; ça l'air petit, faux, gros, proche, loin... on dirait une maquette.  Puis on est arrivés proche de la piste d'atterissage, j'ai aperçu ma soeur qui prenait des photos et j'ai crié pour qu'elle sache que c'était moi.  Et pouf, on est atteri sur le cul de Jimmy, tout en douceur.  Il m'a détachée et je me suis relevée: j'avais les jambes molles et j'entendais comme si j'avais une bulle de verre sur la tête.  Jimmy m'a dit de boucher mon nez et souffler doucement, et mes oreilles ont débloquées.  Ma tante est alors tombée du ciel, pouf, ben vite, comme une roche: son parachute n'avait pas ouvert.  Le sang qu'il y avait... ben non, j'vous niaise. Tout s'est très bien passé...

Julie avait payé 100$ de plus pour avoir un vidéo et des photos, on a dû attendre une quinzaine de minutes le temps que le p'tit gars qui avait l'air d'avoir 12 ans fasse le montage de son DVD.  On a appellé ma cousine Dominique pour la rassurer parce qu'elle pensait réellement qu'on allait mourir... puis, on est allées se substanter au St Hubert (j'avais pas mangé de St Hubert depuis environ dix ans), et quand on s'est assis sur la banquette que nous proposait la serveuse, on lui a dit, toutes excitées:

Jimmy, moi, Julie et Olivier
- Devinez ce qu'on vient de faire?

Il y a eu un silence, on attendait juste qu'elle nous dise ''quoi?''...

- Bon appétit, a-t-elle répliqué finalement avec un regard vide.

On a bien ri.




4 commentaires:

  1. tu as bien raison, mais les deux manières se disent.... :P

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  2. Je ne tenais pas à vous corriger, seulement j'aime dire ce mot, sustenter.

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  3. Heureuse de te faire dire un mot que tu aimes, mister Pivot

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