dimanche 21 mars 2010

semaine 2: The B plan: bowling... and bingo?

Quel retard! Je n’ai pas eu le temps ni les amis pour faire ma sortie de la semaine passée... shame on me. Je voulais donc faire deux pierres d’un coup: j’ai prévu deux sorties en une soirée. The B plan: bingo and bowling!

J’ai cherché pour trouver le meilleur bowling à Montréal: c’est le Bowling Darling, sur la rue Ontario, dans ghetto Hochelag. Pendant certaines heures de la journée ou de la soirée, ils mettent de la musique ben forte, ferment les lumières et mettent des ti lasers et de la boucane. Bon, dis comme ça, ça n’a pas l’air super, mais ça l’est! Mon ami Philip et moi avons réservé notre allée pendant l’après midi, en se disant qu’un bowling dans le noir avec des ti lasers, ça serait rempli de monde. Eh non, une dizaine de personnes, peinards, jouent aux quilles. C’est très grand, je n’ai pas compté, mais je dirais qu’il y a au moins une quinzaine d'allées doubles. Il y a des cases presque toutes cadenassées le long du mur, à droite, des tableaux avec des noms et des pointages, une petite cantine proche de l’entrée. On dirait qu’il y a de la vie ici de temps en temps…

Quand il a commence à faire chaud dehors, j’aime porter mes ballerines noires. J’arrive au bowling Darling, coquette et insouciante, avec mes ballerines, heureuse de pouvoir les porter à l’extérieur enfin après cet hiver morne… merde. Je n’ai pas pensé à apporter une paire de bas… Je crie au scandale, regarde Philip qui lui sort sa paire de bas rouges de sa poche, enlève ses mocassins et commence à les enfiler :

- Comment ça t’as pensé à tes bas, toi? Pourquoi tu m’as pas rappelé qu’il faut s’apporter des bas? je pleurniche.
- Ben j’sais pas, c’est toi qui voulait venir jouer aux quilles, je pensais que tu avais pensé à tout… se défend-t-il.

Je regarde le monsieur des souliers d’un air suppliant, il me regarde d’un air complètement blasé.
- Mais, si y’a quelqu’un qui avait des verrues qui a porté les souliers que je vais porter? Je peux vraiment pas garder mes souliers? je l'implore.

Il ne répond même pas et continue de me fixer avec ses yeux vides. J’abdique.
- Je porte du 9.

Philip me dit, dans un éclair de génie :
- Mets des napkins autour de tes pieds!

Et me voilà, m’entourant les pieds de plusieurs couches de minces napkins blanches. C’est pas facile, mais bon, j’y arrive. J’ai comme des souliers à fraises autour de mes chevilles, vous savez, les fraises blanches que portaient autour du cou les rois européens? Je rigole comme une dinde en déambulant dans la salle de bowling.

On commence notre partie. On a trois heures de parties illimitées pour 25$, alors on s’y met. Mon nom est en premier –bien épellé d’ailleurs, c’est rare- je lance ma petite boule graisseuse. C’est pas facile au début, mais on se réchauffe, on réussit à faire tomber quelques quilles, et on réussit même à faire quelques abats. Le slogan du Bowling Darling est ‘là où les quilles sont encore un sport’, et avec le disco qui joue à pleine tête, nos danses, nos moves de joueurs de bowling, on sue à grosses gouttes. Je peux vous dire que la prochaine fois, je m’étire avant de jouer aux quilles, parce que j’ai des muscles dans la fesse gauche que je ne connaissais pas encore l’existence! Et parlant de mes moves de joueuse de bowling, plus je marchais, plus mes napkins montaient le long de mes chevilles. Je m’adresse maintenant aux filles : vous savez, ce fameux et unique jour où vous êtes tombée menstruée, sans serviette sanitaire, et vous avez eu la brillante idée, pensiez-vous, de mettre plusieurs couches de papier de toilette dans vos bobettes? Juste faire quelques pas, et votre papier toilette se retrouve tout en haut de votre craque de fesse? C’est la même chose avec les napkins dans les souliers. Plus je jouais, plus mes pieds touchaient à la semelle… et plus jamais je n’oublierai mes bas. Pour me faire penser à autre chose, on est allés à la cantine (mais c’était de pire en pire, en bas dans mes souliers, juste marcher jusque là). Les pauvres employés avaient tellement rien à faire qu’ils étaient assis, à faire des mots croisés. Quelle a été ma joie en voyant qu’ils vendent de l’alcool! On a fêté ça avec un shooter de vodka-clamatto. Après quatre parties de moins de cent points chaque, on en a eu un peu marre; je laissais derière moi des vestiges de napkins partout où j'allais, j'étais nue dans mes souliers et dégoutée de l'être, alors on s’est dit que la prochaine fois, on viendrait avec plus d’amis, sans voiture et des bas (je vais d'ailleurs en apporter plusieurs paires, pour ceux qui n'y penseront pas, je sens que c'est de mon devoir d'aider mon prochain, avec toute l'expérience de pieds nus dans des souliers loués que j'ai). Mais pour résumer mon aventure aux quilles, même si j’envois souvent ma boule dans le dalot, j’aime jouer aux quilles : c’est comique, léger et vraiment amusant. On s'est d'ailleurs dit que aller jouer au bowling est une excellente idée de date...
(Mention d’honneur : Philip a un bras dans le plâtre, son bras droit –il est droitier- donc il a joué avec son bras gauche. Et il m’a plantée. Je me suis fait plantée au bowling par un gars qui jouait même pas avec son bras principal. Voilà comment je suis bonne au bowling.)

Direction Bingo Masson, coin Lafond et Masson. On a une heure d’avance sur la prochaine partie de bingo, on s’assoit donc sur le trottoir en face et on boit la moitié de la bouteille de mousseux rosé qu’on traîne avec nous depuis des heures. Parle, parle, jase, jase, il est 22h30 et le bingo se remplit peu à peu de dizaines de têtes blanches. C’est incroyable qu’il y ait autant de monde, moi qui pensait que les vieux soupaient à 17h, et dormaient à 20h… Plus ça va, plus il y a du monde, plus notre motivation de jouer au bingo disparaît... surtout que Philip m’a dit que les bingos jouent en réseau avec des cagnottes dans les mille dollars. C'est ben beau, mille dollars, mais en réseau, ça réduit tes chances en tabarouette! J’imaginais ça comme quand j’étais petite, dans le sous-sol de l’église, à gagner des toutous et des réveille-matins... Mais on s’est juré de revenir bientôt. Juré craché. Pis d'en trouver un peut-être plus attirant, plus spécial... et surtout que je suis allée acheter des petites étampes, une rouge et une mauve, et je veux les utiliser avant qu’elles ne sèchent. On retourne donc chez Philip où on termine la bouteille. Je laisse la voiture devant chez lui et on prend un taxi : on a décidé d’aller au Parking, un bar gai de la rue Amherst.
C’est sûr que aller jouer au bingo, c’est beaucoup plus original que sortir dans le quartier gai… La première personne que je vois en entrant est Shawn Edouard, l’ex-lofteur avec les cheveux longs et frisés qui aime les nains. Et lui aussi, il m’a vue, et tout d’un coup il était après moi, mes lunettes, mon veston, bref, j’étais sa nouvelle meilleure amie. Complètement paf, le gars. J’ai vu son voisin le regarder et lever les yeux au ciel. Un autre téléréaliteur qui se cache dans sa garde robe et qui s’affiche sur les couvertures du Lundi avec sa –fausse- blonde! La minute suivante, j’ai perdu mon statut de nouvelle meilleure amie pour un mec avec une casquette. Pfff.

Il y a de tout, au Parking : des gais, des pas-gais, des transsexuels, des transgenres, des personnes que, (pardonnez-moi) t'es pas trop sûr si c'est un homme ou une femme… à chaque fois qu'une personne démarrait une conversation avec moi, elle me demandait systématiquement mon orientation sexuelle. Est-ce si important? Ça l’air que oui…
J’ai rapidement troqué ma BudLight à 3$ pour l’eau, j’avais la voiture; on boit pas quand on conduit et puis, la BudLight, j’aime vraiment pas ça. J’ai rencontré Normand, un quarantenaire à lunette, un gars qui était déménageur dont j’ai oublié le nom qui a complètement fucké mon gay-dar, plusieurs hétérosexuels qui voulaient vraiment qu’on sache qu’ils le sont… bref, c’était pas la soirée du siècle. Pourquoi donc on est pas allés au bingo?
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