vendredi 18 mars 2011

semaine 46: le Slam Battle

Tout d'abord, je dois dire merci à Libellule Rouge, fan de l'Affaire 52, qui m'a suggéré cette belle activité.  Alors, merci, Libellule. :)

J'ai proposé à plusieurs amis de venir voir le slam avec moi; Raph, Audrey, Gen, Marjo et Karine sont tous venus avec moi au Patro Vys, lundi soir dernier, pour y rire un peu.  Raph et moi, le vendredi d'avant, à la job, on niaisait pas mal sur notre activité prévue.  On se disait à quel point on aimait pas ça, le slam, et encore moins les poèmes.  J'ai ensuite longuement réfléchi sur le fait pourquoi que je n'aimais pas les poèmes et je l'ai trouvé: je suis incapable de m'imaginer quoi que ce soit lorsque je lis (ou j'écoute) un poème, c'est niaiseux comme réponse mais c'est comme ça que ça marche dans mon monde.  J'ai besoin de voir des images qui défilent dans ma tête pour mieux apprécier le texte.  Je suis comme ça, que voulez vous...  sorry pour tous les poètes de ce monde.  C'est comme les poèmes de marde qui passent dans le métro, y'a tu une meilleure façon de faire haïr la poésie au reste du monde?  C'est tellement nul que je pourrais moi même en écrire.  Voici un poème de merde que j'ai écrit en 2008: "le doux de mes lèvres, le rugueux de ton poil, le phare, tout en haut, proéminent, et la grotte, mousseuse, qui t'attend"; c'est aux éditions 'contre la poésie nulle dans le métro de Montréal', Facebook.  Vous irez voir, il y en a plein d'autres poèmes très beaux.  Y'a quand même dix-sept membres, dans ce groupe.

La première chose qu'on a remarqué en entrant dans le bar, c'est deux gars assis à une table qui étaient les sosies de deux de nos amis, JD et JC, en style hippie du cégep du Vieux.  Ils ressemblaient à ce qu'on ressemblait dans le temps, et on riait pas mal de voir deux sosies amis de deux amis.  J'ai essayé de les prendre en photo subtilement, ça marchait pas, y'avait pas assez de lumière; il aurait fallu que j'aille leur demander "puis-je vous prendre en photo?" et ça ne me tentait pas.  La foule était en majorité famille et amis des slameurs, et la pauvre petite organisatrice devait trouver des gens impartiaux pour juger les poèmes.  On est donc devenu juges en se disant qu'on venait de monter d'une coche notre lundi soir et on a eu deux consommations gratuites.  Yeah.  Elle m'a demandé mon nom et mon métier, j'ai dit Mitche, barmaid (je dis barmaid quand je crois que mes autres métiers pourraient peser dans une balance quelconque et me faire juger moi-même) mais avoir su qu'ils allaient dire mon métier bien fort dans le micro pour me présenter, j'aurais dit une connerie du genre esthéticienne spécialisée dans les bikinis.



Antidote, tu connais pas, dude?

Comme tout bon bar de hippie, il y avait des toiles affichées sur le mur, et chaque toile était accompagnée d'un poème.  On en a lu quelques uns, pour se rendre compte que c'était truffé de fautes, et quand j'ai demandé à Karine, bachelière en arts visuels et médiatiques, si les toiles étaient belles, elle m'a répondu "ark, non."  C'est ce que je pensais aussi, mais je voulais un avis professionnel.

C'était supposé commencer à 19h30, et à 20h15 il ne se passait rien, alors on est allées fumer une clope dehors.  On a fait la rencontre d'une fille qui fumait son joint, et j'ai fait ma journaliste:

- Est-ce que tu as des amis qui slamment ce soir? (scusez pour le verbe slammer que je viens d'inventer)

- Oui.

- Qu'est-ce que tu aimes, dans les batailles de slam?

- Ben les gens se commettent, ils ont le guts de monter sur une scène et de lire leur entrailles, elle m'a répondu, ça, ç'a tout mon respect, et...

... son ami est arrivé ce qui a coupé notre conversation.  J'aurais aimé en savoir plus sur elle et ses opinions.

Raph m'a texté "ça commence! vite je capote!" (à lire avec une touche de sarcasme) et on est remontées dans la salle.

Voici les règles de la bataille de slam: chaque participant doit lire deux poèmes de son cru (et là le gars a dit "ou cuit, c'est à votre goût, ha ha ha ha ha"... quel farceur, celui-là) aucun accessoires, aucune musique, aucun costume (le nu est considéré comme un costume), chaque poème doit durer trois minutes, et il y a des points de pénalité si ça dure plus longtemps que ça.  Il y a cinq juges dans le public (ce soir là, il y avait une artiste de collage (?!) une aquarelliste (!!) et deux étudiantes dont une lesbienne (c'était trop évident) et c'est pas mal ça pour les règles.  Pas trop compliqué.

 Au premier slammeur qui débitait un texte sur le fait que la langue française est si précieuse, et qui ne cessait de faire des anglicismes, j'ai donné un 8 sur 10: je me suis fait huer. On s'est tous regardé en riant:

- Man! Dans pas long on va mettre un 4! a rigolé Raph.


Marjo et Gen dans leur look de slammeuses

J'ai apprécié voir ce spectacle, parce que vous voyez bien que je suis remplie de préjugés face à ce moyen d'expression, et cette soirée a détruit mes impressions premières.  Il y en a qui étaient vraiment poches, du genre "je suis un Patriote avec un grand P et je vais dénoncer les Blancs qui sont venus massacrer les Indiens"; hey, dude, get over it, là.  On est au 21e siècle, parle de d'autres choses.  Mais en gros, c'était bien, je m'attendais à pire, vraiment.  On a eu du fun.

Je dois donner un +1000 au Word Up (semaine 30) parce que contrairement aux slammeurs, ils n'ont pas leur texte écrit sur un papier, ils l'ont appris par coeur, et aussi, c'est beaucoup plus drôle.  Le slam, c'est soit cute, ça parle d'amour, de cul, d'Indiens, ou c'est vraiment frustré, ça parle de politique, que la vie c'est de la merde, etc; le Word Up, ça se tape sur la tête, ça rit et ça gueule.  Faites votre choix.

Il y a un gars qui a lu son texte qui était pas mal comique: il parlait de sa blonde -ou sa maîtresse, son amante, sa fuck friend, whatever; de nos jours, y'a comme trop de termes pour décrire les relations humaines- et il la traitait de conne et tout.  Raph a chuchoté:

- Je l'aime ben, lui!

Voici un bout de son texte que j'ai écrit vite vite dans mon calepin: "criss que ta cervelle a l'air d'une poubelle, c'est là que je pisse dans la ruelle", hahaha.  Nous, on lui a mis 8, la lesbienne lui a donné 5,9.  Après avoir vu un autre dude qui nous jasait encore des Indiens ("on va fumer sans feu, se faire des signaux de sauvages") et qui avait beaucoup de blancs de mémoire malaisants, une boutch enrhummée que mes amis lui ont donné 7,1 (je trouvais ça un peu trop généreux) et remarqué un pot pourri à côté de la porte d'entrée, on a vu une fille qui avait fait un texte vraiment bon.  J'ai vu des images quand elle parlait, j'ai donné 10,3.  Elle a d'ailleurs gagné la deuxième place.

- Moi, je suis rendu un fan de slam, j'ai toujours été un slammeur, dans le fond, a dit Raph. (J'attends toujours son poème slam.)

Son nom de slammeur: RaphaLight, celui de Audrey: Dr.Drey, et le mien: Miche ton Cul.  Je ne connais pas encore celui de Karine, de Gen et de Marjo.  Les filles?

...


tête de doigt

Pour tous ceux qui veulent aller voir ça, c'est à chaque deuxième lundi du mois au O Patro Vys, juste en haut du Bily Kun.  Vous pouvez aller voir le site internet: http://www.slamontreal.ca/.

Deleted scenes à venir sur http://www.33mag.com/, section magazine!

p.s. regardez la belle photo: je trouvais que Raph avait trop une tête de doigt, voilà ce que ça donne. Ha.