vendredi 13 août 2010

semaine 19: L'auberge 1082 (le club échangiste)

Les Satin Party de Karine
Depuis la semaine 1 (aux danseuses) que Rudy me demande d'aller voir un club échangiste; il n'a jamais vu ça -et moi non plus, d'ailleurs, c'était sur ma liste de choses à essayer.  Cette semaine, mon ami Karl, Karine et moi avons décidé d'y aller enfin, alors je demande à Rudy s'il veut venir avec nous: malheureusement, il était bien occupé cette semaine.  Il me dit ''la semaine prochaine! alleeeeeer!'', mais mon activité de la semaine prochaine est prévue depuis longtemps (un deux pour un en plus, watch out).

Jeudi soir, après le travail, je donne rendez vous à Karine au métro Rosemont.  Elle se pointe avec ses souliers en satin mauve, style Amadeus Mozart, ceux qu'on appelle Satin Party.

- Je sais pas dans quoi je me suis embarquée, là, elle me lance, j'ai peur!  Ça va être plein de dégeulasses!

- Des dégeulasses, répète un quidam qui fumait une cigarette à côté de nous.

Ça commence bien, déjà un débile.  On se rend chez Karl qui habite pas trop loin de l'Auberge 1082 pour se déguiser; Karine et moi mettons des perruques et se maquillons en poufiasses, puisqu'on sait déjà qu'on doit se déshabiller pour mettre une robe de chambre, alors on mise sur notre tête.  Karl, lui, se rase en handle bar -il a même prit soin de foncir sa barbe avec le mascara de Karine, l'effet est magique, et il s'habille avec un suit en suède brun avec un loup cousu à l'arrière.  Bref, on est vraiment sur notre 31.

On arrive donc là bas, ben énervés, après avoir fumé deux cigarettes chacun, après s'être fait arrêté dans la rue par des amis de Karl qui riaient bien de nous, et bien sûr, après avoir monté un scénario de notre ''vie'': Karine s'appelle désormais Shirley, Karl, c'est James, et moi, Cyndie; nous venons directement de Gatineau pour venir à L'Auberge 1082, dont on a entendu parler souvent, James et Shirley sortent ensemble, lui est barman et elle coiffeuse, je suis la meilleure amie de Shirley et je travaille dans un club de danseuses nues, nous portons des perruques parce que Shirley a commencé des traitements de chimiothérapie et moi, pour la soutenir, j'ai décidé d'en porter une aussi (personne ne nous a demandé pourquoi on portaient des perruques, finalement).

Donc on entre, c'est très silencieux et ça sent l'eau de Javel à plein nez.  Le gars à la réception nous explique comment ça fonctionne:
Cyndie, James et Shirley

- Vous êtes déjà venus ici? (NON!)  Alors, voici trois serviettes, vous devez enlever vos vêtements, les femmes peuvent se promener en lingerie fine, pas de sexe dans les pièces communes sauf dans ''la salle des fantasmes'', pas d'alcool ailleurs que dans la pièce du bar, il y a une piste de danse -pas très fréquentée d'ailleurs- et vous devez prendre une douche avant d'aller dans le bain tourbillon.

- Y'a combien de monde, à date? on demande.

- Une quinzaine, mais il est encore tôt, le monde va commencer à arriver bientôt, dit-il en regardant l'horloge (il est minuit).

Des serviettes, merde!  Je pensais mettre une robe de chambre.  Baf, au moins, je me dis, j'ai mis une belle brassière ce matin, heureusement.  Mais mes bobettes sont bleues pâles... et à l'envers, Karine l'ayant remarqué un peu plus tard.

James et son kit loup
- On s'est vraiment jetés dans la gueule du loup! chuchote avec une voix apeurée Karine a.k.a Shirley lorsqu'on entre dans le vestiaire et qu'on tombe face à face avec un vieil homme complètement nu.

On se déshabille, je noue ma serviette autour de ma taille et mets mon 20$ dans ma brassière, Shirley garde sa camisole, et Karl a.k.a. James se fout complètement à poil sous sa serviette.  ''Plus confortable'' il dit.  Et c'est parti.

Il fait froid, c'est vide, et très grand.  Nous allons au bar commander à boire et je me sens vraiment comme à Cuba, en genre de bikini devant un bar avec une serviette autour de la taille...  et la musique qui joue est extrêmement poche (comme à Cuba), c'est du Taylor Swift ou du Ke$ha qui joue à tue-tête.  Le genre de musique qui jouerait dans un générique de film d'adolescents américain.  Une télé est allumée et présente des films porno où des jeunes (clairement américains) qui ont l'air d'avoir tous 15 ans se font un party avec des gobelets rouges (typiquement américain) et se lancent des glaçons; ça prend pas grand temps avant qu'une, ou deux, ou trois filles se ramassent à piper des mecs avec plein d'autres autour, encore habillés, qui les encouragent.  Deux vieux peppers sont assis, peinards, au bar, et nous reluquent sans gêne.  Toutes les filles qu'on voit déambuler sont cachées par leur serviette, je suis la seule en brassière... damn!  Et pis bof, une brassière, un haut de bikini, ça revient au même... je suis bien dans ma peau, faut croire, comparé à ces filles toutes plus moches les unes que les autres, d'ailleurs.  C'est pas moi qui le dit (ben, un peu, que je le dis) mais Karl, et à voix haute, en plus.

- Tu pourrais pas changer la musique? on demande au barman.  C'est horrible, ça fitte pas pantoute avec un club échangiste, on voudrait genre des tunes rock, mais sexy, tsé? Des tunes de stripteaseuses?

- Je peux pas, c'est mon boss qui a choisi cette musique, et crois-moi que si je pouvais la changer, je le ferais... dit-il amèrement.

On cale nos verres, et on s'en va explorer la place:  un grand bain tourbillon vers la droite, large presque comme une piscine, des toilettes, et un sauna à gauche.  On entre dans le sauna pour rire un peu entre nous lorsqu'un homme, fin trentaine, vient nous rejoindre.

- Salut, on lui dit.  Tu viens souvent ici?

- Oh oui, moi ça fait cinq ans, je suis membre, maintenant.  J'm'appelle Denis, et vous?

On se présente, et on discute de nos vies. Denis a une partie de golf demain matin à 7h (''j'vais me prendre un petit speed vers 5h, ça va ben aller''), il habite à St-Jean sur le Richelieu, puis nous lâche une bombe incroyable:

- Moi, j'ai commencé à venir ici avec mon ex, mais elle s'est pendue en mars dernier.  Le plus toff, c'est pour ses enfants, hein, elle en avait trois ben jeunes.

- Oh.

Non seulement ç'a créé un sale frette, mais pourquoi tenait-il vraiment à nous dire la manière dont elle s'était enlevé la vie ET qu'elle avait des enfants en bas âge??? Malaise fois mille.

- Si vous voulez, j'ai de l'extasy pis du speed, hein.  Je peux vous faire fumer un joint aussi, nous dit Denis.  J'ai loué la chambre miroir, la 9, vous voulez voir?

Shirley et Cyndie
Alors on a suivi Denis jusqu'à sa chambre: c'est vraiment weird, une salle miroir.  Que des miroirs, partout, aucun mur de plâtre, même le plafond et la porte sont en miroir.  J'avais l'impression d'être un flamant rose captif (les flamants roses ne se reproduisent seulement qu'en gros groupe, alors les zoo leur font une petite pièce tout en miroir, ce qui leur donne l'impression qu'il sont un méga troupeau; vive le 7 jours section 'connaissances' ou une shit dans le genre lu à un moment ou un autre dans ma vie), et Denis s'est allongé, bien confortable, sur le lit.  Je ne me sentais vraiment pas bien, dans ma petite brassière noire, avec ma perruque et casquette à la Julia Roberts dans Pretty Woman avec un inconnu nu sous sa serviette qui voulait clairement nous fourrer, Shirley et moi.  Puis James, qui était allé aux toilettes, est revenu; on en a profité pour sortir de là bien vite, et Denis nous a montré le fumoir, où il s'est allumé un pétard, qu'il a passé à tout le monde qui étaient là (elles étaient là, les supposées quinze personnes: à peine sept ou huit, gros max).  Une fille nous explique la vie des clubs échangistes:

- Tu bois jamais dans un verre qu'on te propose, jamais!  Y'a beaucoup de GH dans ces places là.  Tu gardes aussi un oeil sur ton verre, toujours, c'est ben facile d'en mettre.  Avant que l'Auberge passe au feu, y'avait genre un p'tit coin pas filmé où des gars amenaient des fille ben pétées qu'ils avaient droguées et ils les fourraient à tour de rôle, sans protection.  Faque y faut faire ben attention à ça.  Pis l'autre fois, mon amie était en train de piper son chum, à quattre pattes, et un gars s'est enfilé sur elle, sans demander rien à personne, sans condom!  Faut le faire, pareil!  Mais ici, le respect, c'est vraiment important.  Quand tu dis non, c'est non, et si quelqu'un te gosse, tu vas avertir la réception et ils le bannissent, carré de même.

Shirley a pensé à tout (c'est de la mayonnaise)

Ensuite, on est allés voir ''la salle des fantasmes'', une genre de salle pas recommandée pour les claustrophobes: petite, basse de plafond, et peinturée avec un décor sous-marin de mauvais goût, style années 80, couleurs très foncées, un poteau surélevé en plein milieu de la salle et une boule disco pour l'ambiance; il y avait même une boîte de kleenex sur chaque table; ''ils ont pensé à tout'' on s'est dit.  Ça sentait le produit nettoyant mélangé à l'odeur reconnaissable de sexe humain.  Un harnais pendait du plafond, quatre matelas posés à même le sol, et deux personnes baisaient carrément sur l'un deux, gémissements inclus.  Un individu observait la scène, assis bien tranquille sur un tabouret placé à moins d'un mètre du matelas.

On a décidé d'aller se promener encore.

- Hey, venez donc me voir, les filles! nous dit Denis, étendu sur son lit en pose de sirène, les fesses à peine cachées par sa serviette, couilles à l'air, lorsqu'on est repassés devant sa chambre-miroir pour retourner en bas.

- Euh, plus tard, on va dans le bain tourbillon! je dis à Denis spontanément, en marchant plus vite pour crisser mon camp loin de lui.

Puisque je l'ai dit, on y va: on était dans le bain tourbillon, bien calmes, à se faire masser le dos par les jets d'eau, et en se disant que c'était vraiment plate, le club échangiste, quand un bonhomme d'un certain âge est entré dans l'eau, bandé comme un cheval, suivi de sa blonde -qui aurait sérieusement besoin de faire du sport.  Et ils ont commencé à fourrer.  

- C'parce que là, on baigne dans leur jus, je dis à James et Shirley. Ça m'écoeure.

- OH, MY, GOD, a gémit la fille un peu trop fortement à mon goût.

Il y avait une pancarte affichée sur le mur qui disait ''tout comportement sexuel dans le bain tourbillon est interdit sous menace d'expulsion''.  Alors on est sorti de l'eau et on est allés les stooler.  Juste pour casser leur fun.

On a refait le tour de la place quelques fois, et Denis a même dit à James et Shirley lorsque j'étais aux toilettes:

- Hey, si Cyndie veut un massage là, qu'elle vienne me voir...

Et mes amis ont pas arrêtés de me gosser pour que j'y aille.  Jamais. Au. Grand. Jamais, j'irai me faire masser par ce perturbé. Jamais.  Ils m'ont traité de chicken, peureuse, pas game, ''tant qu'à être ici, fais le jusqu'au bout, tu vas en avoir des choses à dire'' ils me disaient, mais rien à faire, j'avais et j'ai toujours pas du tout envie de me faire toucher par cet homme et de sentir son pénis dur contre moi.  Cauchemar assuré.  Il m'a même invité encore une fois à venir me faire masser, en me disant qu'il avait sa chambre jusqu'à 3h30 du matin seulement (comme si ça allait me convaincre) et j'ai dû lui dire:

- Pas ce soir, Denis.

- ''Pas ce soir!'' a répété Shirley lorsqu'on était dans l'escalier, comme si tu allais y aller un jour!

- Faut bien lui entretenir l'espoir, à ce pauvre petit homme confus, je lui ai répliqué.

Partout où l'on allait, des feuilles plastifiées nous indiquait qu'il y a des ''jouets disponible à la réception'': après consultation, les jouets sont des dildos (45 à 65$, à vendre, là, pas usagés, tu repars avec après) et des boules chinoises dorées -et poussiéreuses- à 5$.

- C'est la pire soirée de toute ma semaine, a dit James quand on s'est décidé à partir, après seulement trois heures.  C'est vraiment plate, l'Auberge 1082...

On a pas vu de gang bang, de danses cochonnes, de trip à trois, de poodle qui se crosse vite vite en regardant quelqu'un, de lesbiennes, rien. 

Shirley avait peur pour rien...
pour les deleted scenes, allez voir sur http://www.33mag.com/ , section magazine!

dimanche 8 août 2010

semaine 18: le saut en parachute

Tout a commencé lorsque ma tante Julie a laissé son vingtième chum en carrière; elle s'est fait alors la promesse d'être célibataire pendant un an (ma famille et moi avons fait un pari qu'elle ne tiendrait pas; mon oncle et ma tante on même gagé 50$ avec un deux pour un si elle flanche) et elle s'est fait une bucket list pour se changer les idées, et dans cette liste, il y avait le saut en parachute.  Puisqu'elle sait que je dois faire une activité insolite par semaine, elle m'a demandé si je voulais venir avec elle.  Au départ, j'étais enchantée et je voulais vraiment y aller.  Puis est arrivé plein de petites mésaventures financières qui n'ont carrément empêché de faire quoi que ce soit.  En d'autres mots, j'ai pas une criss de cenne...  lorsque j'ai dit à Julie que je ne pourrais probablement pas sauter avec elle faute de manque de fonds, elle m'a demandé si je voulais venir quand même pour le support moral.

- Évidemment! je lui ai dit.  Je serai là.

Ballin'
Et puis est arrivé la dite semaine; on avait prévu y aller vendredi le 6 août puisque ma tante a congé les vendredi, et moi je ne travaille que le soir.  Mais dans cette semaine là, j'ai tellement eu de bonnes nouvelles (et du sexe en plus), que je me suis dit ''fuck it, je mets ça sur ma carte de crédit déjà ultra pleine, et je saute, câross''.

Ma tante avait réservé pour 16h à l'école de Guillaume Lemay Thivierge, Voltige, située à Joliette.  À chaque heure à partir de midi, on appellait pour savoir si on pouvait sauter, parce que des fois, la météo n'est pas de notre bord pour le saut en parachute.  Putain de micro-climat de Joliette, à chaque fois la fille nous disait:

- Il y a un peu trop de vent, il n'y a pas de sauts en ce moment, rappellez nous un peu plus tard.

À 15h, on s'est dit, d'la marde, on y va pareil.  Et nous voilà, ma tante, ma soeur Joëlle (elle venait pour le support moral et prendre des photos avec son super dupper appareil) et moi -avec mon look d'aviateur pour l'occasion- sur la Métropolitaine direction est, dans la décapotable de Julie, en plein bouchon de circulation, quand l'école Voltige nous appelle:

- Oui, bonjour, on a pris un peu trop de retard dans les sauts, on va devoir reporter ça un autre jour!

- Euh, va chier, salope! on lui a dit.

Mais non, on a pas dit ça.  Mais on était pas contentes... on avait attendu toute la journée en se préparant mentalement et en se disant qu'on allait se lancer dans le vide, et là, elle nous coupait l'herbe sous le pied!  Fuck you, école Voltige, fuck you, micro-climat de Joliette et fuck you, Guillaume Lemay Thivierge d'avoir fait ton école de saut en parachute dans une région où il y a toujours des nuages et du vent! 

Julie et moi
Puisqu'on était coincées dans la circulation, ma soeur qui conduisait a sorti son iPhone et a cherché une autre place de sauts en parachutes dans les environs de Montréal.  On a trouvé l'école Adrénaline, située à St-Jérôme.  Moins loin que Joliette en plus.  Mais là, il était presque 17h, et on voulait vraiment sauter.  Alors j'ai pris les grands moyens:

- Salut! j'ai dit à la fille qui a répondu, je m'appelle Mitche et je travaille pour 33mag, et je fais un reportage sur le parachute, et bon, on avait réservé à l'école Voltige et là ils viennent de nous dire qu'on pourra pas sauter aujourd'hui, et je sais que c'est dernière minute un peu, mais si on part de Montréal maintenant, est ce qu'on peut sauter, chez vous?

- Ben oui, sans aucun problème! On vous attend! a-t-elle répondu avec entrain.

Je pense que je vais mentir blanchement plus souvent, désormais.  Ça marche toujours!  Alors on a pris la 440 pour aller rejoindre la 15 nord à toute vitesse, moi qui était assise à l'arrière et qui écrivait mes pensées de pré-parachute dans mon petit calepin, les cheveux fous dans la face et déjà gras (je les avais lavés le matin même), je commencais à stresser un peu pas mal.  Je me serais bien pris deux, trois ou dix shooters de vodka... 

Il y a trois semaines, j'ai baillé en ouvrant ma bouche bien grande comme une grosse conne, et ma mâchoire du côté gauche a craqué intense.  Ça m'arrive parfois qu'elle craque et que ça me fait un peu mal deux ou trois jours, mais là, ça fait trois semaines et j'ai de la misère à manger; je ne suis même pas capable de manger une sandwich.  Et là, j'avais peur de crier ben fort en tombant dans le vide et me faire encore plus de douleurs à ma pauvre mâchoire...  Puis ma soeur m'a demandé de regarder le numéro de la sortie sur son iPhone (vive ces petites machines technologiques) et à la place, j'ai demandé à l'application de Paul le Poulpe si on allait mourir: il a dit non. Paul le Poulpe a toujours raison.

Ma soeur nous a alors raconté une histoire de parachute: un de ses collègue de travail a payé un saut en parachute à sa blonde pour ses trente ans.  Il avait mit l'école de connivence, en leur faisant étendre une énorme banderole sur le sol écrit ''veux tu m'épouser?'' pour que sa blonde le voit pendant sa descente.  Ma tante était aux anges; moi j'avais envie de vomir. 

moule-cul
On arrive finalement à l'école Adrénaline.  On doit remplir un formulaire avec nos noms, une personne à contacter en cas d'urgence, signer des trucs qui disent qu'on ne les poursuivera pas si on se pète la gueule - ma tante qui est secrétaire juridique m'a dit que c'était de la merde, des contrats comme ceux là, un bon avocat peut toujours trouver une faille- et ensuite on devait se peser- toutes habillées.  Je pensais que je pesais dans les 140 livres, et non, c'est plus bas que ça, vraiment plus bas...  j'ai mis ça sur le compte de ma mâchoire qui m'empêche de manger et de ma un-peu-moins récente rupture.  (parlant de rupture, c'est la meilleure chose que je n'aurais pas pu faire pour moi-même, depuis, il m'arrive plein de trucs extraordinaires.  Heureuse Mitche!)

Julie demande à la fille en lui remettant son formulaire si elle peut sauter avec un gars.

- Tant qu'à me coller sur quelqu'un, aussi ben me coller sur un gars! elle a dit en riant.

On nous a donné des combines one piece, et moi j'en ai demandé une grande; j'avais pas envie d'avoir un camel toe, vu que je suis grande, et c'est pas trop trop confortable, un camel toe, surtout dans les vêtements d'autrui.  Puis on est entrées dans le petit avion assez rapidement, et les gars ont essayé de me matcher avec le pilote; ils ont pas arrêté de nous dire des niaiseries, du genre: ''oh oh, l'avion fait un bruit bizarre, c'est pas normal'' ou ''si tu ne mets pas de lunettes, tes verres de contact vont coller sur ta rétine'' ou encore ''j'ai oublié mon altimètre, il va falloir que tu comptes jusqu'à 45 pour que j'ouvre le parachute au bon moment (yeah right)''.

- Est ce que quelqu'un a déjà fait caca dans son suit? j'ai demandé à Jimmy, mon homme, et à Olivier, celui de Julie.

- Oui! ils ont répondu en riant. C'était même un instructeur!

- Comment ça?

- Il avait juste ben envie...

that's me.
On montait, montait.  On est arrivés au moment de sauter: j'étais la première.  Je me suis avancée à genoux en traînant mon instructeur, et j'étais là, à regarder en bas, à 12 000 pieds d'altitude, et je me suis dit '' je m'en vais me pitcher dans le vide, là, là'' et j'ai pas pu penser autre chose que j'étais déjà en train de tomber.  C'est tout simplement incroyable la sensation!  Jimmy nous a fait faire des flips.  Le ciel, la terre, le ciel, la terre, c'est vraiment bizarre de se sentir tomber à 100 km/h en n'ayant aucun point de repère et en étant complètement vulnérable.  J'avais de la misère à respirer et il faisait vraiment froid; je me disais ''come on, Mitche, inspire, expire, inspire, expire'', rien à faire, ça ne rentrait pas. Je regardais en bas et j'étais juste estomaquée...  Je me suis dit que j'allais respirer quand le parachute s'ouvrirait.  Il nous a fait faire plein de tours sur nous-même et a finalement ouvert le parachute.  J'ai finalement réussi à prendre une grande bouffée d'air fraîche, c'était bon.  Mes tympans capotaient ben raide et ma mâchoire rushait un peu: au moins je n'ai pas crié, j'étais trop occupée à me dire que j'étais en train de tomber dans le ciel.  D'ailleurs, je ne comprends juste pas les gens qui se suicident en se laissant tomber d'un pont... c'est effarant la sensation du vide.  En tout, la descente a duré à peu près quatre ou cinq minutes; pour 282$ taxes incluses, ça vaut vraiment la peine.  Je recommencerai demain matin (avec plus d'argent cette fois ci)!  
I did it!
Quand le parachute est ouvert, on descend un peu plus doucement, et on peut parler avec notre instructeur.  C'est vraiment beau, la terre, vu du ciel; ça l'air petit, faux, gros, proche, loin... on dirait une maquette.  Puis on est arrivés proche de la piste d'atterissage, j'ai aperçu ma soeur qui prenait des photos et j'ai crié pour qu'elle sache que c'était moi.  Et pouf, on est atteri sur le cul de Jimmy, tout en douceur.  Il m'a détachée et je me suis relevée: j'avais les jambes molles et j'entendais comme si j'avais une bulle de verre sur la tête.  Jimmy m'a dit de boucher mon nez et souffler doucement, et mes oreilles ont débloquées.  Ma tante est alors tombée du ciel, pouf, ben vite, comme une roche: son parachute n'avait pas ouvert.  Le sang qu'il y avait... ben non, j'vous niaise. Tout s'est très bien passé...

Julie avait payé 100$ de plus pour avoir un vidéo et des photos, on a dû attendre une quinzaine de minutes le temps que le p'tit gars qui avait l'air d'avoir 12 ans fasse le montage de son DVD.  On a appellé ma cousine Dominique pour la rassurer parce qu'elle pensait réellement qu'on allait mourir... puis, on est allées se substanter au St Hubert (j'avais pas mangé de St Hubert depuis environ dix ans), et quand on s'est assis sur la banquette que nous proposait la serveuse, on lui a dit, toutes excitées:

Jimmy, moi, Julie et Olivier
- Devinez ce qu'on vient de faire?

Il y a eu un silence, on attendait juste qu'elle nous dise ''quoi?''...

- Bon appétit, a-t-elle répliqué finalement avec un regard vide.

On a bien ri.