le ring. |
L'activité de cette semaine est tellement trash que ça la rend presque jolie. Je suis allée voir de la lutte amateur dans un sous sol d'église dans Centre Sud, limite Hochelaga, avec mon amie Cloé et son petit frère de 11 ans qui habite en France, en vacances au Québec et qui n'avait jamais vu ça auparavant. Du catch, comme on dit en bon français.
Ce n'est pas la première fois que je vais voir de la lutte amateure: j'y étais déjà allée avec mon amie Karine en 2006 environ; on avait vu une pancarte devant l'église de notre quartier du temps qui disait ''lutte féminine ce vendredi 20h, 8$''. Toutes excitées et surtout pauvres, on avait sorti de notre coffre de costumes nos complet-jupes longues avec malettes et lunettes de secrétaire et essayé d'entrer gratuitement en clamant haut et fort qu'on était venues de loin pour chercher de nouvelles têtes pour notre équipe de lutte féminine olympique. Sans succès. On avait dû payer le 8$ et faire semblant pendant toute la soirée qu'on était vraiment intéressées à ce qui se passait sur le ring.
Cette fois ci, je savais dans quoi je m'embarquais et prévu de payer environ 10$. Joie et consternation: les prix de la lutte ont chutés; c'est rendu 5$! Comme quoi que y'a pas tout dans la vie qui augmente.
Je suis arrivée un peu en retard et lorsque je suis entrée dans le sous sol de l'église coin Fullum et Ste Catherine, c'était des filles qui se battaient. En donnant mon 5$, j'ai demandé à la femme qui me faisait payer:
- Est ce que c'est juste des lutteuses ce soir?
un costume de lutteur vu de proche. |
- Non, juste ce combat là, après, c'est des gars, m'a-t-elle craché dans l'oreille.
Je suis donc allé rejoindre mon amie Cloé et son petit frère et j'ai regardé autour de moi. C'était rempli d'enfants de tous âges, des bébés naissants (dont une connasse insouciante qui avait l'air d'avoir un bébé vieux de deux semaines, plantée devant l'énorme haut-parleur qui crachait environ 150 décibels de musique rock poche; moi même j'aurais aimé avoir des bouchons tellement que c'était fort et en plus j'étais à l'autre bout de la salle) des grand-mères, bref, une belle sortie familiale du vendredi soir. J'ai regardé ensuite les deux filles qui se battaient sur le ring: l'une d'elles avait un pantalon qui était écrit 'Sweet Cherry'' sur son cul, et elles se donnaient de grosses claques bruyantes sur les seins. À un moment, ''Sweet Cherry'' a empoigné le vagin de son adversaire par derrière et l'a soulevée dans les airs pour ensuite la lancer de toutes ses forces par terre. La célèbre prise du vagin: j'ai pu alors apercevoir leur tramp stamp: c'était de toute beauté (voir semaine 1: les danseuses nues). L'arbitre était obèse (même les rayures verticales ne lui faisait aucun bien) et aucunement convaincant dans son rôle; leur jeu d'acteur était affreusement nul. Il y avait un petit enfant d'environ quatre ans devant le ring, la face déformée par la rage et les deux majeurs bien levés vers le ciel, il m'a convaincu de sortir mon appareil photo. Alors j'étais là, à prendre des photos de la bataille quand un mec de la sécurité est venu me voir:
- Euh, scuse, t'as pas le droit de prendre des photos.
- Pourquoi donc? je lui ai demandé, surprise, parce que il y avait environ trois personnes qui tournaient autour du ring en prenant des photos.
- C'est Stéphane qui veut pas, t'as pas d'autorisation de Stéphane.
- Ok, c'est qui, Stéphane? Je peux lui parler?
Pccchtt. Comme si j'allais passer à côté de cette activité sans photos. Non mais. Il m'a dit qu'il allait me le chercher et d'attendre là.
- Ostie de gang de pourris! Awèye, frappe lé, kaliss de tapette! a hurlé la madame du casse croûte.
- Hé ho, calme toé, là, lui a dit un gros bonhomme qui aurait pu passer pour un joueur de guitare dans un groupe de heavy metal. Il s'est retourné vers moi en me tendant la main.
- Stéphane? j'ai demandé.
- Oui! m'a-t-il dit en m'empoignant la main un peu trop fortement.
- Salut, je m'appelle Catherine Perreault Lessard et je suis venue écrire un article sur la lutte amateur pour notre magazine Urbania, et je me demandais si je pouvais prendre des photos? je lui demande avec mon plus beau sourire.
Il faut ce qu'il faut, un petit mensonge blanc, ça ne fait pas de mal à personne.
- Urban... quoi? C'est quoi, ça?
- C'est un magazine qui divertit, informe et propose des sorties urbaines, il y a aussi un site internet où il y a des blogues, c'est très divertissant, on parle de tout et de rien, de la ville, de ses habitants, et plus encore, j'ai dit en cachant mon petit calepin où j'avais écrit ''madames rushantes et ballonnées toutes excitées''.
- Ok, ben ouain, je vois pas de problème, dit-il en se grattant le crâne. Va juste avertir le gars qui t'as empêché de prendre des photos comme quoi que t'as le droit pour qu'il le dise aux autres gars.
- Merci beaucoup, Stéphane!
Et toc.
un lutteur fier de lui. |
Le présentateur criait dans le micro ''COME ON, HOOOOCHELAAAAG!''; la foule était en délire total. Les gens se levaient de leur chaise pour mieux se faire entendre par les lutteurs, il y en a même qui les engueulaient franchement et les lutteurs leur répondaient: '' ah ouin? viens t'en donc te battre avec moé su'l ring, sti!'' Un beau mélange d'odeurs flottait dans la petite salle surchauffée: un beau mélange de crème hydratante Personnelle, de OFF, de sueur masculine et de guenille en boule restée mouillée trop longtemps. Des adolescentes pré-pubères habillés en Ardène et des jeunes avec des casquettes à palettes droites passaient devant nous pour aller dehors fumer leur cigarette; la sale jeunesse. Puis, un lutteur qui se faisaient descendre par l'audience a crié haut et fort en pointant une personne à quelques chaises de moi:
- Hey! TOÉ! Ton couvre feu est passé, r'tourne à l'hospice!!
J'ai regardé à qui il parlait: c'était une vieille dame d'environ 75 ans, cheveux bouclés blancs, lunettes de vue épaisses comme des fonds de bouteilles, assise sur sa chaise, le poing levé, criant des insanités. Je ne pouvais pas croire que quelqu'un pouvait dire une chose pareille à une personne si âgée.... Cloé et moi étions totalement abasourdies.
Martin Rolland |
Et puis là, pour le cinquième combat est arrivé le lutteur le plus gros que j'ai vu de toute ma vie; il devait peser environ 500 livres, il était tout sale et soufflait comme un boeuf juste à marcher autour du ring pour bien se montrer au public qui hurlait son nom. Comme je n'arrivais pas à saisir son nom que la foule criait, je suis allée voir le présentateur et je lui ai demandé: c'était Martin Rolland, méchant nom de lutteur, ça. Je l'aurais plus appellé FatMan ou BigBeef... Et là est sorti des rideaux son rival: il devait peser environ 175 livres, était tout petit et j'avais peur pour lui. Ils ont commencé à se battre et ça n'a pas pris grand temps qu'ils se sont ramassés hors du ring, et pas juste hors du ring, direct dans l'assistance, c'était la pagaille, les gens se bousculaient les uns les autres pour se tasser de leur chemin. FatMan s'est mit à lancer chaise par dessus chaise sur son ennemi, il a même pris la poubelle pleine de rebuts de hot dogs et lui a versé sur la tête, avant de lui lancer la poubelle elle même.
- Suce ta marde! Tu pues d'la raie! criait le public fou.
l'adversaire de Martin Rolland croulant sous les chaises. |
Cloé et moi, on avait peur, vraiment peur, son petit frère avait les yeux ronds comme les bedaines des femmes quadragénaires habillées en lycra trop petit. Ça sentait la grosse violence gratuite, l'émeute menaçait d'éclater dans les deux prochaines minutes. Puis la sécurité a crié à Martin Rolland d'arrêter de lui lancer des chaises (sa huitième environ) et tout s'est calmé. Ils sont allés aider le pauvre petit à se sortir des chaises et l'ont traîné jusque derrière les rideaux; il avait l'air vraiment mal en point. Celui là, je pense fortement qu'il s'était vraiment fait mal...
Tout un show, tout un show.
vraie ou fausse douleur? |
Wow, j'ai un ami d'enfance qui est devenu lutteur amateur, il était peut-être parmi les séduisants combattants que tu as vu ahahah
RépondreSupprimer