vendredi 10 septembre 2010

semaine 23: le speed dating

Oh la la.  Du speed dating.  Mon ami Jean-Michel m'avait demandé de l'accompagner à cette activité presqu'au début de l'Affaire 52, mais c'était toujours un vendredi ou un samedi soir, et je travaille ces soirées là.  Puis, il y a un mois, je suis allée voir sur le site pour le fun, et j'étais vraiment heureuse de voir que le jeudi 9 septembre, il y en avait une, je ne travaille pas les jeudi habituellement, mais finalement, je travaillais aussi (note à tous les gens qui vont au HEC: allez sur youtube et regardez les clips 'bartender hates you', ça va vous donner une idée quoi ne pas faire dans un bar; vous êtes mon number one de la crowd la plus insupportable que j'ai vu dans mes cinq années de service).  Une chance que mon gérant est cool, je l'avais prévenu que j'allais là et je suis arrivée avec un petit dix minutes de retard.  Je suis juste un peu triste de ne pas avoir pu rester un peu après pour demander aux filles comment elles avaient trouvé leur expérience.


J'ai réfléchi toute la journée sur qu'est ce que j'allais bien pouvoir dire, parce que je n'avais pas envie de dire que je suis chef cuisinière; je voulais mettre un peu de piquant dans mon discours, et que anyway, je ne me cherche pas de chum ou rien, j'avais pas envie d'être honnête.  J'ai pensé à maquilleuse, mais ça n'aurait pas été crédible: je ne me mets pas assez de maquillage, moi c'est eyeliner/mascara only, pas de fond de teint, poudre et etc.  Ensuite j'ai pensé à être une bibliothécaire dans une école primaire, mais du coup ça aurait impliqué que j'aime les enfants, ce qui n'est pas trop le cas quand ils sont en bande, ils sont tous des petites pestes, d'après moi.  Puis j'ai pensé que je pourrais dire que je travaille sur les plateaux de cinéma, puisque je connais le milieu, mais le monde est trop petit à Montréal et j'aurais pu tomber sur un technicien que j'ai déjà vu ou quelqu'un qui connait quelqu'un et on connait la chanson.  Et là, j'ai eu une illumination en me coiffant dans ma salle de bain, et j'étais pas mal fière de moi: je serai écrivaine, plus précisément de romans Harlequin.  C'est une job qui sort de l'ordinaire, que je fais chez moi et qui est plutôt cocasse.  Mon nom d'auteure: Barbara Paul, ça sonne anglais et ça sonne bien, parce que les romans Harlequin sont tous écrits en anglais, puis traduits: je suis allée me renseigner sur leur site internet pour avoir l'air plausible.  J'ai décidé que j'en avais écrit une bonne dizaine et que mon premier datait de mes seize ans. 


Donc j'étais là, en route, assise dans le métro, en train de noter mes idées de ce que je pourrais bien dire et demander à mes dates, quand un bonhomme est complètement entré dans mon personnal space, il s'était placé au dessus de moi, debout, même si le wagon était passablement vide, et je me sentais vraiment pas bien. Puis il a crié ''KALISS!'' dans mon oreille, et mon coeur a arrêté pendant trois secondes, et il a continué à marmonner des ''ostie de tabarnak'' et je me suis levée, parce que ça fait peur un syndrome de la tourette, des fois, leurs bras partent et ils donnent des coups de poing.  J'ai même pas pu terminer d'écrire ce que j'avais en tête à cause de lui.  Bref.  J'avais donné rendez vous à Jean Michou une demi-heure avant le début de l'activité pour aller prendre une bière et se parler de nos attentes, et pour rire un peu -beaucoup- aussi.  Lorsque je lui ai dit mon faux métier, il était pas mal impressionné, on s'est mis à rigoler en imaginant les titres de mes plus fameux romans.  Voici ce que ç'a donné:  Un amour dans le désert, Un faucon d'argent, S'abreuver à la fontaine de l'amour, La vie secrète de Pauline, Un bon vent un beau brun (celui là, il faut avouer que ça fait pas mal scatophile comme titre, mais je devais rajouter ''tu devrais voir la page couverture, yé ben beau le mec'') et le plus populaire, celui avec lequel j'ai fait le plus de ventes: L'étalon de Marseille.  Magie.


Ensuite on s'est demandé quel genre de questions on devrait poser.  C'est sûr que il y a la fameuse ''tu fais quoi dans la vie'', mais on voulait être un peu plus originaux et poser des questions un peu weird, du genre "toi t'es plus beurre de pinottes confiture ou beurre de pinottes bananes?".  Et moi je devais demander " tu te rases tu le torse" (au départ c'était les couilles, mais on s'est dit que c'était un peu trop intense, et j'ai pas été game de la poser, ma question...) et Jean Michel devait demander "c'est quand la dernière fois que tu t'es saoûlée?" pour voir leur degré de party.  Toujours pratique à savoir.  On a fini notre bière, et Jean Michou a dit avant de quitter la terrasse du Bobards:


- Si j'ai pas une blonde après ça, j'vire aux gars.


photo floue, I know, sorry.
Alors on arrive devant le Belmont, et il y a une file, c'est bizarre d'attendre avec ces gens qu'on va 'cruiser' dans la prochaine heure.  On doit passer un par un devant Philippe Parent -celui là même qui était venu chez moi me porter mon billet et que Jean Michou et moi nous nous demandions s'il se pognait des filles de son speed dating- pour qu'il nous donne la feuille où l'on inscrit les noms des candidats avec la petite coche 'oui' ou 'non' à côté et notre numéro de groupe.  Je suis allée dire salut à mon ami Charles déjà en train de cruiser deux nanas (pas réceptives pour deux cennes, d'après lui) qui tenait à venir avec moi et qui était arrivé un peu avant nous.  Après s'être acheté une deuxième bière, les filles et moi-même devions aller s'asseoir et attendre les mecs.  Une fois que tout le monde est placé, Philippe Parent nous fait un petit speech en franglais (wtf, même pas foutu de faire des soirées franco et anglo séparément):


- Bonsoir tout le monde, bienvenue à la soirée de speed dating!  Welcome everybody!  Je vais vous expliquer un peu comment la soirée va se dérouler: vous êtes en face de votre premier candidat, il y en a qui sont assis à des tables à quatre, et évidemment, pas le droit de parler en croisé, il est interdit de demander le lieu du travail, mais vous pouvez demander quel métier vous faites dans la vie, bien sûr.  Il n'y a pas de cloche, de buzzer ou quoi que ce soit, on est pas des animaux (le rapport, s'il vous plait?), c'est moi qui va venir dire aux hommes de se tasser vers la gauche.  Pas de becs sur les joues, on veut pas se transmettre de grippes, hein, pas de baise main non plus, une bonne poignée de main fera amplement l'affaire.  C'est cinq minutes, et avec certaines personnes, cinq minutes peut paraître très court ou très long (Jean Michou me l'avait dit ça, sur la terrasse du Bobards, on avait bien ri).  Il est aussi interdit de demander le numéro de téléphone ou le email de quelqu'un.  Vous êtes prêts?  C'est parti!


Jean-Michel, un homme plein de fierté
Le premier mec en face de moi était cute et sympathique, quelle chance.  En fait, de tous les gars que j'ai vu ce soir là (j'en ai vu treize!) c'était de loin le plus intéressant: il faisait pousser ses légumes dans son jardin (c'est venu toucher ma corde sensible de cuisinière) et il était un genre d'architecte, pas celui qui dessine les plans, mais bon, j'ai pas trop saisi son métier, j'étais plus intéressée par son jardin qui a une mare avec des poissons dedans.  Le seul point négatif de tout ça, je pense, c'est qu'on est assis.  Moi je suis grande, je fais 5'9, et cocher un mec qui fait 5'4 sans m'en rendre compte, même s'il est intéressant, ça ne me tente pas.  Le genre de mec que jamais je pourrais mettre mes talons hauts sans avoir l'air d'une géante qui sort avec un nain.


J'en ai vu des weirdos qui n'étaient pas volubiles pantoute, du genre:


- Salut ça va? (moi je suis sympathique dès le départ, déformation professionnelle)


- Oui. (pas foutu de me dire 'toi?')

- Euh, c'est ta première fois ici?

- Non, c'est ma deuxième. (je vois)

- Ok, euh, tu fais quoi dans la vie?

- Je suis ingénieur.

- Ooookaaayy, euh, euh, t'as des hobby? Des intérêts?


- Oui, je vais au gym.


- ...


- ...


Pourrais-tu extrapoler, kaliss?  Force toi, merde!  Anyway.


Le plus comique, c'est que mon pote Jean-Michou était dans une autre catégorie d'âge que moi, et il s'est ramassé avec des femmes d'âge mûr, deux enfants, toute le kit.  C'est pas mauvais en soi, mais disons que Jean-Michel est pas du tout rendu là dans sa vie.  Il m'a envoyé l'échange le plus plate/drôle qu'il a eu de toute la soirée:


- Pis, c'est quoi un élément de ta routine que tu aimes plus que les autres? (il les a les questions Jean-Michou)


- J'aime faire l'épicerie, lui répond la fille.


- Ah oui? Pourquoi?


- Parce que j'aime ça.


- Et qu'est ce qui fait que tu aimes ça? persiste Jean-Michel.


- Euh, ça me représente.


- Cool, et comment?


- Ben, parce que j'aime ça.


- ...


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<> 
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remarquez bien le mec qui sourit à l'arrière de moi.
Aujourd'hui, Jean-Michel me dit qu'il aurait dû être plus cave avec celles que ça ne cliquait pas.  Personnellement, je ne suis pas capable, encore une fois, par déformation professionnelle, et les gars plates que j'avais devant moi faisaient plus pitié que d'autre chose.  Quoique je les ai tous bien niaisé avec mon métier, qui les impressionnait vraiment (haha!) et surtout quand je leur disait que mon centre d'intérêt principal dans la vie était la cuisine.  Hey, tsé, une écrivaine de romans à l'eau de rose qui cuisine en solitaire, c'est malade, ça, c'est un sale brin de femme.  Je regrette aujourd'hui de ne pas avoir plus menti, genre 'je suis une fanatique de tennis, je fais même des compétitions municipales' ou 'je fais partie d'un club de lecture de romans policiers' ou encore 'j'aime bien aller au club échangiste dans mes temps libres (hehe)'...  Jean-Michel a réussi à poser sa question de saoûlerie à une femme, 40 ans, et sa réponse a été : 'je me suis saoûlée à ma pendaison de crémaillière et j'ai même pas vomi!' (euh, hein, à 40 ans, tu connais pas tes limites encore?).  Une autre lui a dit qu'elle a déjà été hippie, mais qu'elle se rase maintenant les dessous de bras.  Pour une fois, j'aurais aimé être un mec, les filles avaient l'air pas mal plus drôles à discuter que les huit ingénieurs que j'ai vu et les quatre autres qui étaient là 'pour accompagner un ami qui voulait pas venir seul'.


Ostie de pissous, les gars.  J'en avais pas, moi d'amie de fille avec qui rigoler comme une dinde. Juste Charles (et Jean-Michou qui était au 2e étage, avec les vieilles) avec qui j'ai dû faire semblant de cruiser pendant cinq minutes mais on s'est plutôt dit des affaires du genre '' criss que elle, je l'aurais tapée ben fort, elle est vraiment conne'' ou ''lui avec le coat en nylon, c'était pé-ni-ble! Fucking plate le mec..."


Si on fait la moyenne des gens qu'on a trouvé intéressants: un beau gros 12%.  Il est important de dire que Charles a coché 'non' partout, ce qui a fait baissé la moyenne, ha.  Moi j'en ai coché deux, pour voir s'il va avoir une suite, et Jean-Michel en a coché trois.  Impression générale: je ne retournerai jamais dans une soirée de speed dating.  J'aime mieux sortir dans un bar, simplement, ou dans un party d'amis, et rencontrer du monde que je suis pas obligée de jaser de choses plates et que je peux envoyer chier si ça me tente.

p.s. Philippe Parent, vient de m'appeller: j'ai un match parfait. Eh merde.

pour les deleted scenes, allez voir sur http://www.33mag.com/, section magazine !

5 commentaires:

  1. Yo! Un match parfait aussi. Oooh la la.

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  3. Salute j au lu votre blog et he you've free mystique goes eyes receiving fans le visit vous êtes sensible et vous avez. L âme d écrivains et surtout vous êtes très joli mmmmm au ciel avec toi

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